contrée des Pyrénées orientales franco-espagnoles. L’essentiel de la Cerdagne correspond à une haute plaine occupant vers 1 200 m d’altitude un fossé tectonique bourré d’alluvions incisées par les têtes du Sègre. Elle est dominée au sud par le puissant escarpement du massif du Puigmal, le long d’une fracture qui se suit jusqu’à Ille-sur-Têt et que longe la Têt en Conflent. Les bassins de la Têt et du Sègre sont séparés par le col de la Perche (1 577 m), qui marque à la fois la fin de la Cerdagne et le passage au Conflent à l’est, au Capcir au nord. Vers le nord, la Cerdagne s’étend sur les pentes du massif du Carlit, qui domine la haute plaine par le «balcon» de Targassonne-Font-Romeu, et envoie au Sègre les eaux de l’Angoustrine; ses glaciers quaternaires ont édifié de lourdes et longues moraines dans les vallées du versant cerdan. Vers l’ouest, la Cerdagne s’exprime par la large vallée du Carol et le massif du Campcardos, et s’achève au nord-ouest par le col de Puymorens et la crête frontière de l’Andorre. Vers le sud-ouest, la plaine cerdane s’épanouit en Espagne autour de Puigcerdá et au-delà. La Cerdagne est en effet divisée en deux parties distinctes par le traité des Pyrénées de 1659, qui en attribuait les villes et la partie occidentale à l’Espagne, les campagnes orientales à la France. Cela explique que la ville principale, Puigcerdá (le mont cerdan), soit en Espagne, et que celle-ci dispose en France de l’enclave de Llivia, accessible par une «route neutre». Puigcerdá continue à servir de centre urbain et de gros marché, y compris pour les villages français, et d’autant plus depuis l’adhésion de l’Espagne à l’Union européenne. Entre temps, la station frontalière française, Bourg-Madame, avait eu l’occasion de se hisser au niveau d’une petite ville, mais jusqu’aux années 1970 les villages restaient assez peu équipés et le chef-lieu de canton, Saillagouse, n’est encore aujourd’hui qu’un petit village-centre. La Cerdagne est donc une haute plaine relativement peuplée, piquetée de villages ramassés et proches les uns des autres, aux noms souvent monosyllabiques comme Err, Llô, Ro, Ur, Hix. Sept ou huit d’entre eux s’échelonnent au pied de l’ombrée du massif cristallin du Puigmal, lui-même compartimenté par une série de vallées glaciaires parallèles, creusées du SE au NO, dont les crêtes fixent les limites communales. Les autres villages se dispersent au contact de la plaine et des reliefs du côté du nord et de l’ouest. Il s’est formé là un milieu de vie original, ayant une culture propre, un accent et des adaptations de la langue catalane bien reconnaissables. Les communautés cerdanes ont élaboré des pratiques d’irrigation et de déplacements pastoraux très raffinées, qui ont posé de difficiles problèmes quand le pays a été divisé par la frontière. Au début du 20e siècle il s’est en partie orienté vers le climatisme, car l’altitude, l’ensoleillement et la sécheresse relative de l’air paraissaient propices au traitement des maladies pulmonaires; Osséja et Font-Romeu se sont alors rapidement distinguées. La Cerdagne a bénéficié à partir de 1910 de la ligne du «Train jaune» qui se raccorde au réseau général à Villefranche-de-Conflent et que la Compagnie du Midi a mis en service parallèlement au site de Font-Romeu et au grand hôtel qu’elle y a construit. Les Toulousains, de leur côté, avaient accès à la Cerdagne par la route du col du tunnel du Puymorens, et depuis 1929 par la voie ferrée de Toulouse à Latour-de-Carol, qui emprunte le tunnel du Puymorens. Un tunnel routier ouvert en 1994 sous le Puymorens facilite encore la relation de Toulouse à la Cerdagne et à Barcelone. La mode des sports d’hiver a fait le reste, plusieurs stations s’équipant et Font-Romeu devenant un centre de formation et d’entraînement pour les grands sportifs. La célébrité au moins momentanée du four solaire d’Odeillo a fait la publicité de l’ensoleillement cerdan et les vieux villages ont été rénovés par les nombreuses résidences secondaires, tandis que les chalets se multipliaient alentour. De la sorte, la Cerdagne, très prisée en été, est également très fréquentée en hiver, et relativement prospère. L’intégration européenne n’a pu que faciliter l’activité et l’attraction de Puigcerdá, véritable chef-lieu de la Cerdagne, et les coopérations franco-espagnoles pourront encore améliorer la situation: un bon exemple en est la réalisation de l’Hôpital de Cerdagne à Puigcerdà, ouvert en 2014, cofinancé par les deux pays et au service des deux parties de la Cerdagne et premier établissement transfrontalier en Europe; il dessert une population de 32 000 hab. (dont 14 000 en France) et dispose de 64 lits, avec une orientation sport et montagne. Pour le détail des communes et des sites, v. Pyrénées-Cerdagne. |