département de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a pour préfecture Annecy et sous-préfectures Bonneville, Saint-Julien-en-Genevois et Thonon-les-Bains. C’est un département frontalier, voisin de la Suisse et de l’Italie; en contrepartie, il n’est limitrophe que de deux départements français, l’Ain et la Savoie. Il occupe 4 388 km2; il a 19 nouveaux cantons; il est divisé en 279 communes, lesquelles sont associées en trois communautés d’agglomération (Annecy, Annemasse-Voirons et Thonon-les-Bains) et 18 communautés de communes. Le département avait 631 700 habitants en 1999; 835 200 en 2023. La population était de 274 000 hab. en 1881, s’est lentement abaissée jusqu’à 235 700 hab. en 1921, a peu à peu repris jusqu’en 1954 (293 900 hab.), puis à un rythme bien plus soutenu ensuite, passant par 447 800 en 1975. Cette croissance est due à un solde naturel élevé (+0,6% par an dans les années 1990) ajouté à un solde migratoire lui aussi élevé (+0,8 %). Les revenus moyens des ménages sont soutenus par le fait que la Haute-Savoie compte 89 000 personnes ayant des revenus en Suisse ou, bien plus rarement, en Italie, dont 62 700 travailleurs frontaliers proprement dits. La part de l’industrie s’est réduite à 15% des actifs (45 000 sur 285 000), tandis que 131 000 personnes sont dans les commerces et services privés, 78 000 dans les services publics. La place du décolletage, comme celle de Genève et du travail frontalier, sont des caractères forts de la Haute-Savoie. Un autre est la place des sports et loisirs de montagne, liée pour beaucoup au prestige du Mont-Blanc. La Haute-Savoie affiche 50 stations de sports d’hiver, 36 millions de nuitées touristiques dont 14 en été, 11 millions de journées de ski, 760 remontées mécaniques. Cinq grands ensembles dominent: le massif du Mont-Blanc (jusqu’aux Contamines au sud), Megève, le «Grand Massif» (Sixt-Samoëns-Flaine), les Portes du Soleil (Morzine-Avoriaz), les Aravis. Une quatrième originalité, qui se rapporte en partie aussi au tourisme, est la conjonction du thermalisme (trois stations dont Saint-Gervais) et de la présence des grands lacs (Genève et Annecy), qui valorise le site d’Évian et multiplie les ports de plaisance (une vingtaine). Le nombre total de lits touristiques dépasse 600 000, dont 207 000 homologués (217 000 en Savoie); le département a 126 000 résidences secondaires (24% des logements). Il n’en est évidemment pas de même de l’agriculture. L’espace dit «naturel» occupe 54% de la surface du département, dont 179 000 ha de forêts (40%); l’espace dit «agricole» atteint 177 000 ha (39%), mais en incluant 75 à 80 000 ha d’alpages. Il reste un peu moins de 3 000 exploitations agricoles (1% des emplois). Le relief divise le département d’est en ouest. Vers l’est, les massifs cristallins des Alpes internes, s’ils sont des plus majestueux, n’occupent qu’une petite place de part et d’autre de la vallée de Chamonix: massif du Mont-Blanc à la frontière, massif des Aiguilles Rouges vers l’intérieur. Le département ne participe que faiblement au Sillon alpin (au sens traditionnel), par l’ensellement de Megève; la Combe de Savoie lui échappe. La bande des Préalpes calcaires atteint des altitudes élevées, mais elle est étroite et divisée: elle se limite au nord de l’Arve au pays du Haut Giffre, connu pour ses beaux cirques; au sud, elle s’élargit un peu dans les Bornes, mais elle est surtout représentée par le puissant crêt des Aravis. La Haute-Savoie a également une fraction des Bauges, au sud de la cluse d’Annecy. En avant des Préalpes plissées, s’étend au nord de l’Arve un ensemble original, où des nappes alpines ont recouvert et bouleversé la molasse du piémont, formant les reliefs très morcelés du Chablais, qui s’enfoncent doucement vers le lac Léman. Au sud de l’Arve, l’avant-pays est plus large entre le Rhône et Annecy, mais il est accidenté par des chaînons isolés: Vuache au nord-ouest, Salève au nord, Voirons au nord-est. Trois grands alignements de peuplement et d’activité structurent le département, appuyés en partie sur les accidents majeurs du relief. L’un est transversal au relief: c’est celui de la vallée de l’Arve, qui va d’Annemasse à Chamonix et donne également accès à Megève et à l’Arly au sud, au val d’Aoste par le tunnel du Mont-Blanc à l’est, et au Valais de Martigny au nord-est; il donne accès à la plupart des champs de neige, concentre le meilleur du décolletage et structure l’arrondissement de Bonneville. Un autre suit la limite nord du département; il associe la frontière genevoise de la Suisse et la rive sud du lac Léman, il est longé par le couloir A40-N5 et la voie ferrée de Bellegarde à Évian et associe Saint-Julien-en-Genevois, Annemasse, Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains. Dans la dépendance de la métropole genevoise, il concentre les débordements de la frontière: investissements, résidence et loisirs de Genevois, accumulation de travailleurs frontaliers. Le troisième suit le pied des Préalpes plissées, Bauges et Bornes: il va de Chambéry à la basse vallée de l’Arve par Alby-sur-Chéran, Annecy et La Roche-sur-Foron; au-delà, il rejoint la rive du Léman. Il a sa voie ferrée, et désormais son autoroute (A41). D’Annecy partent quatre autres rayons: vers Bellegarde, vers Albertville par la cluse qui sert d’étui de charme au lac, vers l’intérieur des Bornes (La Clusaz, Le Grand-Bornand), et au nord vers Genève par Cruseilles, où une nouvelle autoroute facilite la liaison directe entre les deux capitales et structure la partie septentrionale du «Sillon alpin» médiatique, nouvelle formule. Ce dispositif et ses évolutions tendent à diviser de plus en plus nettement le département entre un noyau «genevois», ou genevois-annécien, au nord-ouest, incluant le Faucigny, peuplé et bourré d’ateliers et de bureaux, et un encadrement montagnard à l’est, un peu au sud, délibérément tourné vers les loisirs et les herbages. |