Rives-en-Seine

(4 230 hab., 3 414 ha dont 1 378 de bois) est une commune nouvelle de Seine-Maritime, formée en 2016 par la réunion de Caudebec, Saint-Wandrille et Villequier, dans la communauté Caux Seine Agglo. Cette union procure à la commune pas moins de 13 km de rive droite de la Seine, de la hauteur d’Arelaune à celle de Vatteville, mais avec un seul pont, celui de Brotonne, et pas de bac, et un long étranglement au centre.

Caudebec-en-Caux (2 210 Caudebecquais, 493 ha dont 320 de bois) est un ancien chef-lieu de canton, à 38 km ONO de Rouen . Le bourg est sur la rive droite de la Seine, au débouché de la vallée très encaissée de l’Ambon Sainte-Gertrude dans le coteau abrupt de rive concave, où le Calidu est un ancien oppidum côté ouest. Le nom Caudebec désigne un frais ruisseau (kalt et bec). Ce fut une place forte, et un foyer protestant, ruiné par la révocation de l’édit de Nantes. Incendiée en 1940, la ville a cependant conservé une église du gothique flamboyant, des restes de remparts, une maison des templiers (13e s.) qui abrite un musée historique; un autre musée est consacré à la marine de Seine. Le pont de Brotonne est à l’extrémité orientale du finage, au débouché de la vallée de la Rançon; c’est un pont à haubans de 1977, 1 280 m de long, avec un tirant d’air de 50 m, gratuit et emprunté par la D490. Tout proches sont l’usine EADS, le hameau de Rétival dans un petit vallon, le monument Latham.

La ville, fleurie (3 fleurs), a un collège public, un supermarché Carrefour (25 sal.). Le site de Caudebec a été peu recherché par l’industrie, et attire d’autant plus les visiteurs que les environs sont accidentés et boisés; il figure dans les «stations vertes de vacances». Il existe toutefois une usine de maintenance aéronautique, Revima, du groupe EADS, qui emploie 380 personnes en deux unités sur l’ancien site de l’usine Latham. La population a peu varié: 2 700 hab. en 1820, 2 400 en 1901, un sommet à 2 840 en 1968, et 150 hab. de moins depuis 1999.

Le Latham 47. En 1916, la société Latham installe une usine à Caudebec-en-Caux. L’hydravion Latham 47, à long rayon d’action, y est construit en 1928 et doit traverser l’Atlantique. Mais son premier et dernier vol sera vers l’Arctique: le dirigeable Italia de Nobile émet un signal de détresse le 25 mai et le gouvernement français décide d’envoyer le nouvel hydravion à son secours, avec une équipe de quatre aviateurs; il parvient à Bergen puis Tromsö, dont il part le 18 juin vers la banquise, avec Amundsen et un autre pilote norvégien, mais disparaît trois heures après dans l’océan. C’est finalement un brise-glace russe qui sauvera les survivants de l’Italia, mais on n’a jamais trouvé que de menus débris du Latham. Un monument assez brut, avec une maquette de l’avion en béton, a été installé au pied du coteau de Caudebec en 1931, près de l’usine, maintenant occupée par la Revima.

Saint-Wandrille-Rançon (1 250 Wandregesiliens, 1 811 ha dont 783 de bois) est en amont de Caudebec à 2 km. Elle est issue d’une fusion ancienne (1825). Le finage est en plusieurs parties. À l’ouest, il comprend toute la vallée inférieure de la Rançon, sur plus de 5 km, où sont le manoir de Perroy et le petit hameau de Rançon, et qui se termine par un fond marécageux. Cette vallée reçoit à gauche, très près du confluent avec la Seine, le vallon étroit et rectiligne de Fontenelle. C’est là que fut établie au 7e siècle le célèbre abbaye de Saint-Wandrille; on y voit un cloître du gothique flamboyant, des bâtiments très remaniés au 19e s. L’essentiel de l’habitat se tient sur le flanc gauche de la Fontenelle. La forêt domaniale du Trait-Maulévrier se divise en plusieurs massifs sur les versants qui dominent Caudebec et Saint-Wandrille, notamment dans la vallée de la Fontenelle et le long du coteau de Seine au sud-est. Au pied de celui-ci, une file de maisons accompagne la D962, formant le hameau-rue de Gouville. Saint-Wandrille a une part de la plaine alluviale sur la rive droite de la Seine, qui se termine en pointe devant La Mailleraye (Arelaune). Enfin, la commune comprend deux parties du plateau de Caux, cultivées, avec quelques fermes, de part et d’autre de la Fontenelle. Elle accueille quelques petites entreprises dont un conditionnement à façon Collet (40 sal.), le négoce de filets Multimaille (40 sal.). Elle a 70 hab. de plus qu’en 1999.

Villequier (770 Villequiérais, 1 110 ha dont 275 de bois), 5 km à l’ouest de Caudebec, est tassé au pied du coteau de rive droite. Sur 1,4 km, seule une étroite bande de 60 à 100 m de large relie Caudebec à Villequier le long de la Seine, le finage de Saint-Arnoult occupant le coteau de Seine jusqu’à son pied. Le contact se fait au site de Barre-y-Va, où sont une grotte à chapelle, une piscine et un camping. Le château de Villequier est au sommet du coteau qui domine le village Le finage s’étend assez largement sur le plateau au nord-ouest, où sont aussi les hameaux de Caumont et de Bébec. La commune a 60 hab. de moins qu’en 1999.

Villequier cultive le souvenir du drame du 4 septembre 1843, au cours duquel Léopoldine Hugo et Charles Vacquerie, fille et gendre de Victor Hugo, ainsi que deux parents, se sont noyés dans la Seine; Les Contemplations ont été inspirées par leur disparition; un musée Victor Hugo a été aménagé à Villequier, devenu «village de charme».

«Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.»