grand ensemble de méandres du fleuve de Gaillon à l’estuaire. Le cours du fleuve y dessine de grandes courbes comparables à celles des environs de Paris. Son tracé général est guidé par une gouttière de subsidence des terrains crétacés entre les dômes du Roumois et du Caux, son tracé de détail par de multiples ondulations, flexures et fractures. Les grands méandres atteignent 15 km d’amplitude, la largeur des lobes se situant entre 2 km (Cléon) et 10 km (Roumare). Le glissement des méandres vers l’aval, consécutif à l’hydrodynamique, entraîne une dissymétrie classique des versants, raides vers l’amont (face au sud-est), en pente douce et à larges terrasses vers l’aval; mais le détail des accidents locaux entraîne plus d’une exception, dont témoignent les coteaux des Andelys, des Deux Amants à Amfreville-sous-les-Monts ou d’Amfreville-la-Mi-Voie face à Sotteville. Le déplacement des méandres vers l’aval a élargi la vallée de la Seine, leur recoupement dégageant de larges plaines marécageuses en demi-lune à peine séparées par des promontoires comme ceux de Tancarville et du Hode rive droite, de Trouville-la-Haule et de la pointe de la Roque à Saint-Samson-de-la-Roque sur la rive gauche. Les plaines de Jumièges, de Petiville, de Radicatel, du Hode sur la rive droite, de Vatteville, du Marais Vernier, de Berville et de La Rivière-Saint-Sauveur rive gauche ont ainsi des formes caractéristiques en demi-lune. Cette même migration vers l’aval a entraîné la capture de la basse vallée de l’Austreberthe à Duclair, comme en témoigne la vallée morte de Yainville. Le fleuve coule à très faible altitude (le niveau moyen des eaux est à 5 m seulement à Rouen), dominé de plus ou moins loin par des coteaux de craie qui montent à 140 m. L’habitat se tient sur deux sortes de sites préférentiels: soit il s’aligne au pied du coteau en une longue file comme au Val-de-la-Haye ou de Sahurs à Saint-Martin-de-Boscherville, soit il s’étire sur le bourrelet de rive comme aux Conihout (Jumièges) ou à Anneville-Ambourville. Les larges terrasses, couvertes de cailloutis, sont surtout occupées par des forêts: du Rouvray devant Rouen, de Roumare juste à l’ouest, puis de Mauny, de Jumièges et enfin la vaste Brotonne; comme autour de Paris, leur étendue et leur persistance doit beaucoup aux propriétés seigneuriales et ducales, préservées pour la chasse et pour le bois. Les marais ont été en général asséchés à partir du 16e siècle, mais parfois incomplètement comme en témoigne la Grande Mare de Manneville en Marais Vernier. Plusieurs sites sont désormais protégés au titre de réserves naturelles: Marais Vernier, une partie du marais de Berville-sur-Mer en aval, et surtout la rive droite de l’estuaire sur 18 km entre Le Havre et Tancarville. L’ensemble du domaine des boucles se signale par des climats locaux plus secs et plus chauds que ceux des plateaux; ses sites attirent les promeneurs des villes de Basse-Seine et de la région parisienne, comme naguère peintres et poètes. Le dessin même des boucles et la hauteur des coteaux allongent la circulation fluviale et ne facilitent pas la circulation terrestre: dans la vallée, celle-ci ne sert guère qu’aux relations locales; les grands axes de Rouen vers Le Havre et vers Caen courent sur les plateaux de Caux et du Roumois. Trois ponts seulement franchissent les Boucles en aval de Rouen: ceux de Brotonne à Caudebec-en-Caux, de Tancarville et de Normandie. Une partie des boucles de la Seine est incluse dans le parc naturel régional des Boucles de la Seine, qui a pris ce nom après celui de Brotonne. V. aussi Seine (estuaire de la) et Boucles de la Seine normande (parc naturel régional des). |