département de la région de Normandie; préfecture Rouen, sous-préfectures Dieppe et Le Havre. Le département, jadis nommé Seine-Inférieure, a changé de nom en 1955. Il occupe 6 277 km2 et il est divisé en 711 communes, regroupées en une métropole (Rouen), une communauté urbaine (Le Havre), trois communautés d’agglomération (Caux-Seine, Dieppe, Fécamp) et treize communautés de communes. La Seine-Maritime est seulement limitrophe de la Somme, de l’Oise et de l’Eure, mais voisine avec le Calvados au-delà de l’estuaire de la Seine et par le pont de Normandie. La population officielle du département est donnée pour 1 255 800 hab. en 2019; elle était de 1 239 000 hab. en 1999, en progrès constant depuis le début du 19e siècle à l’exception de la guerre 1939-1945: 1 173 000 en 1975, 1 223 000 en 1999. La croissance actuelle, très modérée (+0,1% par an), vient exclusivement d’un excédent de naissances (+0,3% par an), propre à la fois aux parties très urbanisées de la France et à une tradition des régions du Nord-Ouest, mais qui est aux trois quarts annulé par l’excédent de départs sur les arrivées. Une consultation informelle de 2005 a fait choisir le curieux gentilé Seinomarins. Le territoire départemental borde la Manche et se tient pour l’essentiel au nord de la vallée de la Seine; il ne la dépasse sur la rive gauche qu’à la faveur des grands lobes de méandres de Brotonne et de Rouvroy, et aux environs d’Elbeuf où il inclut la forêt et l’agglomération d’Elbeuf. De la sorte, il contient la totalité des agglomérations de Rouen (400 000 hab.) et du Havre (260 000 hab.). Il juxtapose trois principaux ensembles. L’estuaire de la Seine au sens large, où la marée est sensible jusqu’à Elbeuf en amont de Rouen, en occupe le sud-ouest. Il associe l’estuaire proprement dit en pays havrais, large, bordé de marais et qui a reçu des industries de poids; les grandes boucles de la Seine en amont, bordées de forêts, associant quelques points industriels et portuaires (Port-Jérôme et Gravenchon, Le Trait) et des sites touristiques comme les abbayes de Jumièges et de Saint-Wandrille. L’agglomération de Rouen, elle-même établie de part et d’autre de la grande boucle qui porte la forêt de Rouvray, dans les petites vallées affluentes et sur le rebord des plateaux. Le paysage le plus étendu est celui du plateau de Caux, entamé par quelques courtes mais profondes vallées descendant vers la Seine, et surtout par celles des petits fleuves coulant vers le nord-ouest où ils atteignent la Manche. La grande agriculture occupe le plateau, constellé de masures souvent associées en villages-nébuleuses, et parfois en longs alignements dont le plus connu est celui de l’Aliermont; on cultive le lin dans les fonds de vallées. Ces aspects se retrouvent au nord du département, au-delà de la vallée d’Arques-Béthune, dans ce qui est volontiers appelé le Petit Caux, industrieux et proche de la Picardie à tous points de vue. La partie méridionale du Caux est très attirée et modifiée par les emplois de la Basse-Seine et des deux grandes villes, et son peuplement s’est fort densifié. Vers l’est au contraire, dans les plateaux que draine l’Andelle, le relief s’accidente un peu, les forêts prennent plus de place et les densités de peuplement sont bien moindres, parfois encore en déclin dans les cantons de Buchy ou d’Argueil. Le troisième grand ensemble est celui du Pays de Bray. Un bombement des terrains calcaires crétacés, assorti de fractures, orienté du sud-est au nord-ouest, s’y traduit à la fois par une légère élévation du plateau, qui s’y couvre de bois (forêt d’Eawy), et par une longue dépression évidée en terrains argileux au cœur du bombement; elle est dominée par les talus très nets du rebord du plateau, rectiligne au nord-est par Neufchâtel-en-Bray, courbe et échancré au sud-ouest. Les paysages y sont plus verdoyants, l’élevage laitier y demeure actif; Forges-les-Eaux et Gournay-en-Bray relaient les services de Neufchâtel vers le sud-est. Le Bray est drainé vers le nord-ouest en direction de Dieppe par la Béthune, vers le sud-est par l’Epte et, un peu, l’Andelle. Ainsi, toute une série de menus ou grands accidents parallèles, SE-NO, rythment les plateaux qui couvrent la plus grande partie de la superficie du département. Le Caux se termine sur la mer par la Côte d’Albâtre, à hautes falaises de craie, dont le lent recul est connu et décrit depuis longtemps. La proximité relative de Paris, plus que de Rouen, a contribué à la fréquentation de quelques petites stations balnéaires et au succès inégal de plusieurs ports: Eu et Le Tréport, Dieppe, Saint-Valery-en-Caux, Fécamp; deux grosses centrales nucléaires y ont pris place, ainsi que tout au sud le terminal pétrolier du cap d’Antifer. Cela fait du littoral rocheux un autre ensemble original, que l’on peut distinguer du pays de Caux proprement dit. La partie la plus peuplée du département est donc de loin le quart sud-ouest; il associe les grandes agglomérations, les boucles et l’estuaire de la Seine, et une large portion du Caux autour de Bolbec et Yvetot, même Pavilly et Clères au nord de Rouen. C’est là que les circulations sont les plus intenses, et que passent ou passaient les principaux échanges routiers et ferroviaires entre Rouen et Le Havre, tant les méandres de la Seine allongent les distances. Toutefois, l’autoroute de Normandie et le pont de Tancarville ont ouvert une alternative au sud, pour l’essentiel dans le département de l’Eure. En revanche, de nouveaux aménagements autoroutiers ou assimilés améliorent les traversées du plateau de Caux et y intensifient les échanges: l’A29 (E44) du Havre à Amiens, servie au sud-ouest par le pont de Normandie dans le prolongement de l’«autoroute des estuaires»; les voies rapides de Rouen à Dieppe (N27) et de Rouen à Abbeville et Boulogne (A28). Vers le sud-est, les liaisons avec Paris sortent très vite du département et traversent celui de l’Eure, soit le long de la Seine, soit à travers le plateau du Vexin normand. L’activité des ports du Havre et de Rouen et la croissance de leurs agglomérations a entraîné à la fois des investissements lourds et des glissements d’industries parisiennes, faisant de la Seine-Maritime un poids lourd de l’économie nationale. Les résultats économiques par habitant et par emploi sont au-dessus de la moyenne française, comme les densités de population (200 hab./km2). Toutefois, seuls 50% des ménages paient l’impôt sur le revenu et 14,3% des ménages sont au-dessous du seuil de pauvreté. Parmi les ménages, on enregistre 30,3% de retraités. Dans la population de 15 à 65 ans, 171 000 employés (30%), 146 700 ouvriers (26%), 142 600 professions intermédiaires (25%), 5 000 agriculteurs (moins de 1%). Le département est doté de deux centres universitaires, et joue un rôle majeur dans le trafic portuaire, le raffinage du pétrole et la chimie, l’industrie automobile, la papeterie ou l’agro-alimentaire, tout en offrant de vastes superficies forestières (Brotonne, Jumièges, Mauny, Roumare, Elbeuf, Rouvray au sud, Eawy et la forêt d’Eu au nord) et des sites appréciés de l’arrière-pays parisien. |