Seine-et-Marne (département de)

le plus étendu des départements de l’Île-de-France, dont il occupe toute la partie orientale. Il s’étend sur 5 915 km2; il est limitrophe des régions Hauts de France (Oise), Grand Est (Marne et Aube), Bourgogne-Franche-Comté (Yonne), Centre Val de Loire (Loiret), ainsi que de l’Essonne, du Val-de-Marne, de la Seine-Saint-Denis et du Val d’Oise, soit au total 9 autres départements. Il est divisé en 507 communes, dont la superficie moyenne est nettement inférieure à la moyenne nationale. Elles sont regroupées en 7 communautés d’agglomération (plus 2 CA partagées avec le Val-d’Oise et l’Essonne) et 14 communautés de communes. Le département contient cinq arrondissements: Fontainebleau, Meaux, Melun, Provins et Torcy. La préfecture est à Melun. Le département compte également 23 nouveaux cantons (circonscriptions électorales); il a 11 députés et 7 sénateurs.

Le territoire départemental est partiellement touché par l’extension des banlieues parisiennes, et par la diffusion de l’habitat au-delà des espaces de peuplement dense. Aussi la quasi-totalité de ses communes voient-elles leur population augmenter, au moins depuis 1980, alors que nombre d’entre elles s’étaient dépeuplées durant un siècle. La Seine-et-Marne avait 755 900 hab. en 1975; elle est passée à 1 078 100 en 1990, 1 193 500 en 1999, 1 438 100 en 2024, soit 243 hab./km2.

Toutefois, le rythme d’accroissement s’affaiblit, passant de 2,3% par an dans la période 1975-1982 à 1% de 1999 à 2014, mais 0,6% entre 2014 et 2020, ce qui est en partie dû à l’avancement des programmes de villes nouvelles. Il apparaît aussi que l’accroissement est bien davantage dû au solde naturel (excédent de naissances), qui est de +0,7 % par an de 2014 à 2020, qu’à l’arrivée de nouveaux venus (solde migratoire), qui est devenu négatif (-0,1%) alors qu’il il était de +1,7% par an dans les années 1980, alors bien supérieur au solde naturel. Cette inversion des deux mouvements est très nette et signifie une certaine saturation de la diffusion métropolitaine. En dépit d’un fort excédent de naissances, la population de nombreuses villes de grande banlieue à l’ouest du département n’augmente plus, ou très faiblement.

La Seine-et-Marne est traversée par la Marne au nord et la Seine au sud; par les routes nationales 3, 4, 5, 6 et 7; par les autoroutes A4, 5 et 6, ainsi que par la Francilienne au nord-ouest; par les lignes de TGV Paris-Strasbourg au nord, Paris-Lyon-Marseille au sud, et par la liaison TGV qui passe par les gares de Marne-la-Vallée et de l’aéroport de Roissy; par plusieurs voies ferrées, dont certaines supportent des liaisons par RER ou Transilien, les liaisons ferroviaires de Paris vers Provins et vers Coulommiers n’étant maintenues qu’en raison du nombre de personnes travaillant dans la capitale; par les voies navigables de la Seine et de la Marne, ainsi que le canal du Loing; par les aqueducs du canal de l’Ourcq, de la Dhuis et de la Vanne. Le département a été l’objet de deux grandes opérations d’aménagement métropolitain de villes nouvelles, ceux de Marne-la-Vallée et de Sénart. Il comporte deux pôles touristiques majeurs, d’importance nationale et internationale: Disneyland Paris à Marne-la-Vallée (commune de Chessy), la forêt de Fontainebleau, chacun recevant plus de 15 millions de visiteurs par an.

La Seine-et-Marne a conservé une abondante couverture forestière, en grande partie issue des forêts royales et seigneuriales de la périphérie de Paris, dont la plus connue est la forêt de Fontainebleau. La superficie totale des forêts est de 145 000 ha, soit 24,5% du territoire. Elles attirent de nombreux visiteurs, mais l’élévation du coût des maisons et la diffusion des résidences permanentes sur tout le territoire ont réduit sensiblement le parc de résidences secondaires, qui se déporte au-delà des limites départementales; seuls les territoires les plus méridionaux en Gâtinais, comme ceux de La Chapelle-la-Reine et Lorrez-le-Bocage-Préaux, ont des proportions significatives de résidences secondaires (environ 15%).

L’espace rural de la Seine-et-Marne reste très agricole: le département est l’un de ceux de la grande agriculture du Bassin Parisien, d’orientation céréalière. Sur 340 000 ha cultivés (57% du territoire), 145 000 sont consacrés au blé, 45 000 à l’orge et 18 000 au maïs. La betterave à sucre est réduite à 29 000 ha, les oléagineux et protéagineux ayant pris la première place des «cultures industrielles» (66 000 ha). Les prairies naturelles comptent très peu: 15 000 ha à peine.

Le nombre d’exploitations agricoles s’est réduit à 2 300, dont la taille moyenne est élevée (147 ha); mais la Seine-et-Marne, en raison du bas niveau des produits animaux et de la réduction de son espace cultivé, n’est plus l’un des très grands départements agricoles français; son classement la met aux environs de la 40e-45e place. C’est également la place qu’obtient le département dans le classement des produits bruts par habitant (31 800 € en 2022). Une grande partie des professions des habitants s’exerce d’ailleurs à l’extérieur du département, dans les parties centrales de l’agglomération parisienne.

L’organisation générale du territoire de la Seine-et-Marne est assez simple. D’une part, ses terroirs sont en grande partie dépendants de l’inclinaison générale des terrains vers la cuvette parisienne, et de la convergence hydrographique qui lui est associée: le relief de plateau domine, coupé par les vallées allogènes de l’Ourcq, de la Marne et des deux Morins, de la Seine et du Loing — l’Yonne compte peu dans le département. Les vallées autochtones n’ondulent que très modérément la partie orientale, où les plateaux sont peu accidentés, et s’encaissent vers l’ouest en rejoignant la Seine ou la Marne.

D’autre part, les paysages et les activités sont diversifiés de plusieurs façons par la proximité de Paris. Celle-ci densifie nettement les populations vers la limite occidentale du département, où se sont multipliés les lotissements de pavillons, en plus des habitats déjà anciens (Noisiel, Villeparisis par exemple) et des opérations d’aménagement des villes nouvelles; toutefois, cette fraction n’est pas très large dans le département, où elle ne dépasse guère 20 à 30 km de largeur. En outre, c’est elle, bien plus que des différences de sols, qui a entretenu à portée de la capitale et des palais la couronne de forêts qui va de Ferrières à Noisy-sur-École en passant par Fontainebleau, et dans laquelle ont fini par se glisser terrains de golf, haras et lotissements de luxe. Enfin, c’est elle qui est à l’origine des radiales divergentes: le long des principales voies de communication, les activités et le peuplement se sont étendus.

Aussi l’organisation du territoire a-t-elle une base fortement radioconcentrique, associant radiales et auréoles. Les nuances tiennent ensuite à celles qu’ont pu apporter les variations de sols (limons fertiles des plateaux, grès de la formation de Fontainebleau, apparition du calcaire de Beauce à l’extrême sud-ouest) ou d’accidents topographiques, comme la présence du coteau méridional de la côte d’Île-de-France, qui oppose la large et humide Bassée aux fortes collines du Montois, ou des alignements de buttes liés à des ondulations tectoniques ESE-ONO comme en Goële.

Les anciennes circulations sud-est-nord-ouest, qui allaient d’Italie en Flandre, ont disparu: leur souvenir ne peut s’accrocher qu’aux restes de voies romaines (les différentes occurrences d’une mythique Via Agrippa), et à l’histoire des foires dites de Champagne qui avaient fait de Provins et Lagny des places de commerce internationales.