Yvelines

département de l’Île-de-France au sud-ouest de la région, 2 284km2. Il est limitrophe des départements de l’Eure et de l’Eure-et-Loir et, dans la région, du Val-d’Oise, des Hauts-de-Seine et de l’Essonne. Le nom vient de l’ancienne forêt des Yvelines, qui serait lui-même issu d’un silva aquilina (forêt avec des eaux); la racine ive se retrouve en plusieurs régions et dans le nom de l’Yvette pour désigner des lieux d’eau. Le département n’a été créé qu’en 1964, à partir de l’ancien département de Seine-et-Oise, dont il représente la partie occidentale et dont il a conservé le numéro minéralogique (78).

Il a pour préfecture Versailles, et sous-préfectures Mantes-la-Jolie, Rambouillet et Saint-Germain-en-Laye. Il est divisé en 259 communes. Elles sont regroupées en une communauté urbaine (Grand Paris Seine et Oise), 4 communautés d’agglomération (Saint Germain Boucles de Seine, Versailles Grand Parc, Saint-Quentin-en-Yvelines, Rambouillet Territoires) et 6 communautés de communes. Enfin, le département compte 21 nouveaux cantons (circonscriptions électorales).

Le département reste en forte croissance démographique: il avait 854 400 hab. en 1968, a dépassé le million au début des années 1970 (1 082 000 hab. en 1975, atteint 1 307 000 hab. en 1990 et 1 354 000 en 1999, 1 456 400 en 2024. Toutefois, le rythme d’accroissement, qui a pu atteindre 1,4% par an entre 1975 et 1982, est descendu à 0,4% par an dans les années 1990, 0,3 depuis. Cette croissance est entièrement due à l’excédent de naissances sur les décès (+0,7%), car le solde migratoire est négatif: il part plus d’habitants qu’il n’en vient de l’extérieur (solde de –0,4% par an).

Situé au centre du Bassin Parisien, le département est traversé au nord par la Seine, qui s’encaisse dans les plateaux. Ceux-ci forment des niveaux étagés aux sols sableux ou limoneux selon les lieux. Le plateau supérieur, vers 160-170 m, correspond à la couche de calcaire de Beauce (aquitanien), assez continue au sud mais qui se fragmente en buttes et langues de plateaux au centre et au nord, souvent alignées selon une direction tectonique générale ESE-ONO; le plateau inférieur, vers 100-130 m, est soutenu par la couche de calcaire sannoisien au centre, lutétien au nord. Les vallées sont encaissées dans ces plateaux; deux d’entre elles coulent du sud au nord vers la Seine (la Mauldre et la Vaucouleurs), la partie sud-est étant drainée en direction de l’ESE par l’Yvette et la Bière, la partie sud-ouest vers l’Eure.

Le cours de la Seine structure la partie septentrionale du département, où passent l’autoroute de Normandie et les voies ferrées vers la Basse-Seine. La Seine ne laisse au nord qu’une petite fraction du Vexin français autour de Meulan et Limay. Bourgeoisement peuplées à l’est du côté du Vésinet et de Saint-Germain-en-Laye, ses rives ont reçu quelques implantations industrielles lourdes, surtout les deux usines PSA de Poissy et Renault de Flins: une fraction de la vallée est ouvrière et inclut plusieurs quartiers marqués par des problèmes sociaux.

Au nord-est du département, Versailles et Saint-Germain-en-Laye animent des banlieues qui restent très vertes et donc attractives en raison de la présence des forêts de Laye, de Marly, d’Arcy ou autres, et qui associent grands ensembles, vastes lotissements de pavillons et centres commerciaux ambitieux, ainsi que de fort nombreux terrains de golf. Au sud-ouest de Versailles, la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines a créé un nouveau pôle, qui a fixé des emplois industriels et de bureau, des centres universitaires et de recherche, visant à se souder aux pôles essonnais de Saclay et d’Orsay.

Un fragment de troisième ceinture s’est dessiné un peu plus à l’ouest dans la vallée de la Mauldre et les environs de Montfort-l’Amaury, Chevreuse et Rambouillet: mais essentiellement résidentiel, dominé par les lotissements pavillonnaires et conservant de nombreux sites d’agrément pour la visite et les loisirs. Les franges occidentale et méridionale du département déploient des paysages plus agricoles, dont la plupart des villages déclinaient jusqu’en 1960, voire jusqu’en 1980, mais ont regagné des habitants et se garnissent de petits groupes de pavillons. Au sud de Rambouillet commence la Beauce; les paysages du Houdanais et du Mantois occidental sont un peu moins nus mais relèvent aussi des campagnes de grande agriculture.

Le département est donc à la fois structuré et divisé selon les auréoles que dessine la distance à Paris, et selon les radiales qui partent de la capitale: une très puissante au nord, sur l’axe de la Seine, qui a introduit le plus de diversité, d’industrie lourde et de trafics; une très active aussi vers le sud-ouest par la N10 et l’A10, le corps de voies ferrées vers l’Ouest et le Sud-Ouest, mais dont l’effet d’attraction local s’arrête assez vite à Saint-Quentin-en-Yvelines et, au-delà, passe quelque peu en étrangère dans la Beauce; une troisième intermédiaire et plus discrète, marquée par la N12 et la voie ferrée Paris-Granville, qui a surtout pour effet de faciliter les relations-domicile-travail, et donc l’expansion des lotissements «en pleine nature» aux abords septentrionaux de la forêt de Rambouillet, du côté de Plaisir, Neauphle, Pontchartrain, Montfort-l’Amaury, et jusqu’à Houdan.

Les statistiques du département doivent donc être interprétées en gardant à l’esprit ces différences. Elles montrent néanmoins qu’il est relativement peu ouvrier et qu’il a plus de cadres et «professions intermédiaires» que la moyenne; la part des retraités reste modérée (17% parmi les plus de 15 ans). Environ 79% des actifs travaillent dans une autre commune que celle qu’ils habitent, et même 40% dans un autre département — Paris et les Hauts-de-Seine principalement.

Le territoire des Yvelines compte 78 300 ha de forêts, soit 17% du territoire, ce qui résulte de la conservation d’anciens domaines de chasse royaux et seigneuriaux; il a 91 000 ha de terres arables (43% du territoire) et environ 8000 exploitations agricoles, surtout de grande culture céréalière Le département produit annuellement 850 000 t de blé et orge, 600 000 t de maïs, 750 000 t de betteraves.

Les bombements du sous-sol ont permis de définir et d’utiliser des réservoirs naturels où l’on stocke le gaz pour l’industrie et le chauffage: deux de ces réservoirs sont en service dans les Yvelines, sous Beynes et sous Saint-Illiers-la-Ville. Le nombre de sablières et gravières exploitées et de carrières de gypse et de pierre calcaire en activité a beaucoup diminué en revanche: les lacs laissés par les premières sont peu à peu convertis en bases de loisirs, et des secondes il ne reste plus guère que la grosse carrière de Guitrancourt; d’anciennes excavations servent à l’enfouissement de déchets; les carrières souterraines sont jadis devenues des champignonnières, mais cette activité à son tour a été à peu près entièrement abandonnée.

Le tourisme est favorisé par la proximité de Paris, l’abondance des forêts et des étangs, la présence des grands héritages des domaines royaux, principalement Versailles et Saint-Germain-en-Laye. Il est entretenu par l’abondance des terrains de golf, des sentiers de randonnée et une politique orientée vers le tourisme d’affaires.