ancienne région qui fut composée des trois départements de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme et dont les institutions régionales siégeaient à Amiens. Elle était voisine de la région du Nord-Pas-de-Calais, de la Haute-Normandie, de l’Île-de-France et de la Champagne-Ardenne, et touchait à la Belgique à Hirson. Elle occupait 19 399 km2 et comptait officiellement 1 858 000 habitants en 1999, 1 927 000 en 2013. Cet accroissement, l’un des plus modérés parmi les régions françaises, est entièrement dû au taux de natalité élevé: en dépit du déversement du trop-plein parisien sur le Sud de la région, le solde migratoire reste globalement déficitaire, et même l’un des plus élevés de France. Cette région ne correspondait que très imparfaitement à la Picardie historique, dont les contours ont d’ailleurs été très fluctuants dans l’histoire. Le mot même est récent: il n’est guère attesté qu’au 13e siècle, et viendrait du surnom attribué aux paysans locaux, dits «picards» sans que l’on sache bien si c’est en référence au pic comme outil ou à la pique comme moyen de défense; il a longtemps désigné ceux «du Nord» qui ne parlaient pas flamand, mais un dialecte proche du français; la «nation picarde» désignait en Sorbonne ceux des étudiants de langue latine qui vivaient quelque part au nord de Paris et jusqu’à Tournai ou Liège. La Picardie avait pour principaux domaines féodaux le Ponthieu et le Vermandois, alors plus étendus qu’aujourd’hui; le mot a désigné au temps de Louis XI et des Bourguignons un territoire qui correspond à la surface actuelle du département de la Somme et aux parties nord de l’Aisne et ouest du Pas-de-Calais. La Picardie fut ensuite divisée entre la généralité d’Amiens et celle de Soissons. Mais la plus grande partie du département de l’Oise actuelle et tout le sud de l’Aisne relevait de l’Île-de-France, avec des contours changeants. Surtout, elle a longtemps été très exposée aux guerres, incursions anglaises et espagnoles, combats pour l’expansion du royaume vers le Nord, et au 19e siècle aux deux dernières guerres, sans doute les plus destructrices, qui ont laissé bien des cicatrices. Cela n’a pas empêché la Picardie de traverser les siècles et les Picards d’avoir une assez forte personnalité, perceptible au langage, aux accents, à des fêtes et des traditions, jadis au travail des toiles et des serges, plus récemment au développement de la grande agriculture intensive, et à une forte inclinaison vers Paris, à laquelle elle a fourni nombre de travailleurs. La Picardie est très marquée d’ailleurs par la distance à Paris et par les radiales qui émanent de la capitale. Si elle est traversée un peu en étrangère par l’axe direct Paris-Lille qui passe «dans les betteraves», elle est plus sensible aux radiales par Beauvais vers Le Tréport, par Clermont ou Beauvais vers Amiens et Boulogne, par Compiègne vers Saint-Quentin et Cambrai-Valenciennes ou Maubeuge, par Soissons vers Laon et Hirson, C’est sur ces radiales que se situent les principales villes. Néanmoins quelques transversales ont pris un peu de poids: naguère la voie Laon-Lorraine par Hirson; aujourd’hui davantage la voie Lille-Rhône par Saint-Quentin et Laon (A26), l’A29 entre Amiens et Saint-Quentin, qui se prolonge vers Rouen, voire la N31 de Reims à Rouen par Compiègne et Beauvais. Les deux plus grandes agglomérations, Amiens et Saint-Quentin, sont sur la plus puissante des «couronnes» de villes qui entourent Paris à des distances réglées par les phénomènes d’attraction; Laon s’y trouve aussi, comme Reims au-delà. Le second tronçon de couronne en importance passe par Beauvais, Compiègne, Soissons et Château-Thierry, à mi-chemin de la précédente, dont les villes sont plus dépendantes de la capitale et ont une aire de service nettement plus réduite. Une couronne encore plus rapprochée passe par les villes du sud de l’Oise, Creil ou Senlis, qui sont à la même distance de Paris que Mantes ou Meaux, et figurent déjà le périurbain parisien. Sous cette trame s’affairent des campagnes assez semblables par la place qu’y a prise la grande ferme à céréales, betteraves, pommes de terre et autres cultures de rapport, mais que bien des nuances différencient en «pays»; elles laissent localement place à ces grands domaines forestiers qui avaient été conservés pour le profit des chasses royales et seigneuriales, et qui font à présent le plaisir des promeneurs du dimanche, et de quelques résidences plus ou moins fortunées. C’est seulement aux extrémités lointaines qu’apparaissent d’autres paysages: ceux des Bas-Champs et du Marquenterre de part et d’autre de la baie de Somme, ornés de stations balnéaires; les herbages et des bois de la Thiérache et de l’Ardenne à l’extrémité septentrionale du département de l’Aisne; ou encore, à sa façon, le vignoble de la vallée de la Marne en Omois, champenois et non picard. |