département de la région de Franche-Comté, préfecture Belfort. Avec 609 km2, il sort de la norme révolutionnaire, mais il n’est pas le plus petit département de France métropolitaine, puisqu’il est plus étendu que quatre départements de l’Île-de-France; ni le moins peuplé, puisqu’il dépasse la Lozère, la Creuse, la Corse-du-Sud et les Hautes-Alpes. Mais il est le seul qui n’ait pas de sous-préfecture. Il a été en effet constitué en 1871, à la suite de l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne, qui laissait à la France l’arrondissement de Belfort, précédemment partie du Haut-Rhin: d’abord comme «arrondissement subsistant du Haut-Rhin» puis en 1922 comme Territoire de Belfort avec statut de département. Le Territoire est limitrophe de la Suisse au sud-est, et des départements de Haute-Saône, du Doubs, du Haut-Rhin ainsi que, tout au nord sur 2 km seulement, du département des Vosges. Il est divisé en 9 cantons et 101 communes, lesquelles sont regroupées en 5 communautés de communes et une communauté d’agglomération.La population du département était de 74 000 hab. à sa création; nourrie par l’immigration alsacienne, elle a connu un maximum à 101 000 hab. en 1911, puis a diminué un peu, et vigoureusement repris après la guerre, atteignant 128 000 hab. en 1975, 134 100 en 1990, 137 400 en 1999, 141 900 en 2021 (données de 2018): ce qui donne au Territoire la densité élevée d’un département urbanisé: 233 hab./km2, et même 237 si l’on considère la population totale (144 500 hab.).Le Territoire a néanmoins conservé des espaces ruraux de plaine et de montagne. Il s’étend sur 46 km du nord au sud, allant du Ballon d’Alsace (1 247 m) aux premiers reliefs du Jura septentrional où l’altitude dépasse 620 m; mais n’a guère plus de 25 km de large. Il tient ainsi le grand passage entre Vosges et Jura, dénommé Porte de Bourgogne ou Porte d’Alsace selon les moments et le sens du regard. Belfort en est la grande agglomération, distincte du groupe Montbéliard-Sochaux qui est à 15 km au sud, dans le département du Doubs. Au SSE du territoire, Delle, ville frontalière, sert de centre local en relais de Belfort tandis que Beaucourt, au sud, est tout à fait intégrée à l’agglomération de Montbéliard-Sochaux et à la tradition industrielle des Peugeot et des Japy. Le nord du Territoire est sur la retombée méridionale des Vosges, au pied desquelles se tient Giromagny, l’autre principal relais. La dépression au pied des Vosges est barrée au sud par le vigoureux relief de la barre de grès permotriasiques du Salbert et du Roppe, tranchée en cluse par la Savoureuse: le site facilitait les défenses à l’entrée de la Porte de Bourgogne et Belfort en a tiré héroïquement parti à plusieurs reprises.La plus grande partie du Territoire est dans la plaine entre ces reliefs et ceux du Jura, humide et même marécageuse, drainée tant bien que mal par l’Allan et où passent les voies de communication: vieux canal du Rhône au Rhin, N19 et N83, autoroute Comtoise, voie ferrée Paris-Bâle; une ligne ferroviaire à grande vitesse finira par y passer, mais la liaison fluviale à grand gabarit a été écartée. Toute la partie orientale du Territoire est restée divisée en petites communes de population réduite dans un paysage verdoyant, mais ses habitants travaillent dans les sites d’emploi de Belfort-Montbéliard et en Suisse.La forêt occupe 26 000 ha, près de 43% de la surface totale, tant en plaine qu’en montagne. En dépit de la croissance du secteur tertiaire, qui domine largement comme partout en France, c’est l’activité industrielle qui fait la réputation du Territoire. Si le textile venu d’Alsace a mal résisté, la mécanique élaborée est le point fort du département, qui vit naître ce qui est devenu Alstom; mais en dépit de belles réussites, notamment dans les turbines et les TGV, elle dépend largement du sort de grandes firmes et des glissements du marché mondial. Du moins le Territoire a-t-il pratiqué une énergique politique d’appel et de soutien, et pu obtenir quelques implantations de substitution, ainsi qu’une Université technologique, et il coopère activement avec le pôle montbéliardais dans une Aire urbaine commune à équipements assez intelligemment partagés, dont les 300 000 habitants font plus que contrepoids à l’agglomération bisontine et se place dans une coopération ouverte avec les voisins mulhousien et bâlois: le triangle ainsi formé ne manque pas d’avenir au sein même de la Dorsale urbaine européenne. |