groupement intercommunal associant les quatre communes de la bordure orientale de la Guyane, qui sont riveraines de l’Oyapock: Saint-Georges (siège, la seule dépassant 2 000 hab.), Camori, Ouanary et Régina. Les quatre communes réunissent 7 460 hab. et 2 583 000 ha, soit moins de 3% de la population du département sur 31% du territoire, et une densité de population de 0,2 hab./km2. Régina (870 hab., 1 213 000 ha) est la deuxième de Guyane (et de France) par l’étendue, égale à environ deux départements métropolitains, correspond au bassin de l’Approuague et de son affluent de gauche l’Arataï. Elle a pris son nom en 1969, à la suite de la fusion des deux communes d’Approuague (chef-lieu Régina), nommée Centre-Approuague avant 1953, et Approuague-Kaw. Elle s’étend sur 200 km, du massif Émerillon et des monts Bakra (711 m) au sud-ouest jusqu’à l’océan au nord-est, de part et d’autre de l’estuaire de l’Approuague dans les marais de Kaw, jusqu’à la baie de l’Oyapock. Elle inclut la réserve naturelle des Nouragues, au centre-ouest, sur les pentes des montagnes Balenfois (464 m). Le bourg-centre est à la tête de l’estuaire, mais à 50 km du littoral proprement dit. Il est atteint par la route nationale 2, qui le met à 116 km de Cayenne; le nouveau pont sur l’Approuague et l’achèvement de la route vers Saint-Georges (N2) étendent son rayon jusqu’à l’Oyapock. Le hameau de Corossony, un peu en amont sur l’Approuague, a bénéficié d’aménagements agricoles orientés vers les vergers, ainsi que le secteur au pied du mont Inéry (ou Inéri), lequel domine le village principal du haut de ses 370 m. La commune ne se peuple que lentement: elle avait 530 hab. en 1990, 770 en 1999. La bourgade a école et dispensaire, une cathédrale, une microcentrale thermique de 660 kVA, un aérodrome doté d’une piste de 850 m revêtue (SOOR, coordonnées 04 18 53 N et 52 07 54 W). Un collège y a été ouvert en 2008. Régina héberge aussi un contingent réduit du 3e régiment étranger de Kourou et son centre d’entraînement en forêt équatoriale (CEFE). Elle a une petite fonction d’accueil touristique, assurant l’accès aux sauts appréciés de l’Approuague en amont, au pied des montagnes Tortue (462 m), et aux camps d’accueil qui y ont été installés: Cisame (Centre d’initiation à la survie et à l’aventure en milieu équatorial, alias Aventures équatoriales) près du saut Grand Matthias (45 km de Régina, 2 h de pirogue), Jungle Lodge près du saut Athanase (1h30 de pirogue de Régina); plus loin, on accède aussi aux sauts Grand Canori (le plus haut de Guyane, 19 m de chute) et Grand Machicou, celui-ci nettement plus éloigné. On descend aussi l’Approuague vers Kaw au milieu des marais septentrionaux. Sur la rive droite, l’ancien village de Guisanbourg fut le chef-lieu d’une commune à son nom, née d’un site de mise en valeur agricole des années 1770 fondé par Guisan, ingénieur suisse qui dirigeait des polders au Surinam et qui avait été sollicité par les pouvoirs publics; mais Régina était plus près des placers d’or et le village a été abandonné, la commune a disparu au début du 20e siècle; la végétation a envahi l’ancien village et il ne reste, des polders de Guisan, que de vagues traces et le canal qui relie le village de Kaw à l’estuaire de l’Approuague. Au large de la côte, les îles du Connétable sont incluses dans une réserve naturelle. À l’ouest du fleuve s’étalent les vastes zones d’intérêt écologique (znieff) de la plaine de Kaw (121 998 ha) et de la montagne de Kaw (38 233 ha) partagées avec la commune de Roura, ainsi d’ailleurs que le placer du Camp Caïman. À l’est de l’Approuague et jusqu’à l’Oyapock, la zone d’intérêt écologique (znieff) de la pointe Behague et de la baie d’Oyapoc (70 149 ha) est partagée avec Saint-Georges. Kaw est un petit village, 22 km à vol d’oiseau au NE du bourg de Régina. Il est peuplé d’une cinquantaine de personnes, vivant de la pêche, et abrite une Maison de la réserve naturelle et un poste de santé. Il n’a pas moins de cinq restaurants et reçoit quelques touristes. Une petite centrale solaire photovoltaïque y a fonctionné de 1982 à 2005, mais a dû être suppléée par un groupe électrogène de 120 KVA. La montagne de Kaw est une crête de collines qui s’étire sur 35 km entre Roura et Kaw, parallèlement au littoral, qui est à 25 km au nord. Une route (D6) suit la crête jusqu’à la montagne Favard, connue pour ses rochers gravés; elle domine le village, qu’il faut ensuite atteindre par pirogue. Longue de 50 km et fort sinueuse, la D6 dessert notamment la réserve privée du Trésor et le placer aurifère du camp Caïman. Le marais de Kaw est une vaste plaine de mangrove, de savane et d’eau, qui s’étend de la rive gauche de l’estuaire de l’Approuague jusqu’aux abords de Cayenne, sur près de 60 km de long et une vingtaine de large, dans la partie la plus arrosée du département guyanais. La faune et la flore sont très riches; les caïmans y abondent et l’on y guette l’hoatzin (Opisthocomus hoazin), le seul oiseau ruminant connu (ou du moins semi-ruminant), dont la Société d’étude, de protection et d’aménagement de la nature en Guyane (Sépanguy) a fait son logo. Sa surface, estimée à 110 000 ha, en fait la plus grande «zone humide» de France. Ont été délimitées les vastes zones d’intérêt écologique (znieff) de la montagne de Kaw-Roura, à cuirasses latéritiques (38 233 ha), et au nord-est de la plaine de Kaw (121 998 ha), partagées entre Roura et Régina. Une réserve naturelle de Kaw-Roura y a été définie en 1998 sur 94 700 ha, puis incluse dans le Parc naturel régional en 2001, tandis que l’on y ouvrait une Maison de la Réserve; des équipes de chercheurs y utilisent un laboratoire flottant et mobile de l’IRD (ex-Orstom). Des visites sont possibles en hydroglisseur. Au sud du bourg de Régina, ont également été définies des zones d’intérêt écologique (znieff) des Trois Pitons (6 851 ha, avec Saint-Georges), de la crique Païra (6 925 ha), des criques Kourouaï et Kapiri (44 729 ha) et de la savane-roche Virginie (735 ha), celle-ci correspondant à un inselberg granitique. Néanmoins, dans les bassins de la Mataroni et de la Kourouaï, affluents de droite de l’Approuague au sud de Régina, et surtout dans les bassins des petits affluents de gauche de l’Approuague sous les montagnes Tortue et Balenfois, des permis de recherche d’or ont été délimités. Du côté oriental, la Compagnie Boulanger de Roura y est titulaire de 48 km2 (Mataroni). Du côté ouest, Iamgold (Canada) détient 40 km2 par la CBJ (sites de la crique Tortue); la Somiral (qui siège dans la zone d’activités de Collery à Cayenne) a 61 km2 en trois permis (crique Benoît, et crique Aïcoupaye près de l’ancien site Impératrice); la Cemci (Compagnie d’exploitation minière de la crique Ipoucin) détient 32 km2 en deux permis près du hameau de Saint-Lucien sur la crique Ipoucin (ou Ipoussing); le permis de la Compagnie de Sikini sur la Kounamary (20 km2) est partagé avec Roura. Une trentaine de concessions artisanales de cent hectares s’ajoutent à la liste des permis dans le même secteur. Les autres hameaux se dispersent en amont de Régina le long du fleuve; c’est dans le bassin de l’Arataï, aujourd’hui dans la réserve des Nouragues, que l’on a fait les premières découvertes d’or en Guyane au milieu du 19e siècle. Les traces de l’orpaillage se voient encore en aval sur l’Approuague jusqu’à la station Impératrice (46 km SO de Régina à vol d’oiseau), mais l’activité officielle a cessé. Toutefois, les chercheurs de la réserve des Nouragues se plaignent de l’intrusion d’orpailleurs clandestins, dont certains disposent de gros moyens. Juste au sud de la réserve des Nouragues a été reconnue une petite zone d’intérêt écologique (znieff) de 1 873 ha au mont Chauve, qui a quelques parois verticales. La moitié méridionale de la commune est considérée comme entièrement vide. Elle partage avec Saint-Georges une zone d’intérêt écologique (znieff) du massif forestier de l’Armontabo (34 192 ha), avec Saül la zone d’intérêt écologique (znieff) du pic Matécho-roche Carapana-monts la Fumée au sud-ouest (63 431 ha) et avec les communes de Camopi et Maripasoula la grande zone d’intérêt écologique (znieff) des Massifs centraux de la Guyane (320 010 ha), dont elle a en particulier la znieff des monts Bakra et du pic Coudreau (3 524 ha) à la limite sud. Tout au sud de la commune, le haut bassin de la Sapokaï, affluent de droite de l’Approuague, est ou a été un lieu de permis de recherche d’or. Ouanary (270 hab., 108 000 ha) est une commune au bord de l’Ouanary près de l’embouchure de l’Oyapock. Elle a été créée en 1950 à partir de l’ancienne commune d’Oyapoc. Le minuscule village, qui est sur la rivière Ouanary à 2 km de l’estuaire, n’est accessible que par bateau, bien qu’un aérodrome privé y ait été aménagé. Il a toutefois une école, un poste de santé et une microcentrale thermique de 170 kVA. Les premiers établissements furent ceux de jésuites en 1736. Le village même a été fondé par les esclaves de deux domaines agricoles de canne libérés après 1848; ils se sont attachés à la culture du manioc, ce qui leur a permis non seulement de subsister mais de fournir en tubercules de nombreux orpailleurs des environs dans les années 1880-1930. La population, 82 hab. en 1990, 92 en 1999, a récemment triplé. La commune s’étend sur près de 50 km du nord au sud dans le bassin du petit fleuve Ouanary et elle est largement occupée par des marais, coupés par la petite chaîne de collines dite des monts de l’Observatoire (166 m au-dessus du village) et dominés à l’ouest par la montagne des Trois Pitons (341 m). Son territoire laisse complètement la rive gauche de l’Oyapock à la commune de Saint-Georges, jusqu’à la pointe Bruyère à hauteur du village; mais il occupe une trentaine de kilomètres au bord de la large baie de l’Oyapock, dont le site protégé et inscrit de la presqu’île dite montagne d’Argent, acquis par le Conservatoire du littoral (740 ha, roches gravées) et où fut établi un bagne de 1854 à 1861 et de 1897 à 1898. Tout au nord sur la côte, Ouanary partage avec Régina la zone d’intérêt écologique (znieff) de la pointe Béhague et de la baie de l’Oyapock (70 149 ha). Près du village a été reconnue une zone d’intérêt écologique (znieff) de la montagne Bruyère (848 ha) et des monts de l’Observatoire (3 618 ha); un peu plus à l’ouest, la zone d’intérêt écologique (znieff) des Trois Pitons (6 851 ha) est partagée avec Régina. La rivière Ouanary est un affluent de rive gauche de l’Oyapock, dont le bassin est entièrement dans la commune; elle passe à l’est de la montagne des Trois Pitons, au pied desquels s’est établi sur sa rive un petit hameau dit Pays Indien, et conflue un peu en aval du village. Camopi (1 920 hab., 1 030 000 ha) est une commune à 200 km (à vol d’oiseau) au sud de Cayenne, une centaine (à vol d’oiseau) au SSO de Saint-Georges, sur la rive gauche de l’Oyapock à la frontière du Brésil. La commune occupe toute la partie sud-orientale de la Guyane et s’étire sur 200 km de frontière (et 80 de large) le long de l’Oyapock, dont 50 km en aval du bourg. Elle est entièrement comprise dans le Parc national amazonien. L’axe de la commune est la rivière Camopi, affluent de l’Oyapock, qui conflue au bourg même, naguère lui aussi dénommé Oyapock. La rivière, qui descend de la montagne Cacao (de la Haute-Camopi) au sud-ouest du territoire communal, arrive au confluent avec des eaux extrêmement boueuses qui contrastent avec celles de l’Oyapock; des sites d’orpaillage clandestins abondent dans son bassin. Juste au nord du bourg, s’étend la zone d’intérêt écologique (znieff) des monts Alikéné (13 457 ha). À l’extrême sud, plusieurs inselbergs culminent entre 350 et 635 m au mont Saint-Marcel. Le hameau de Trois Sauts, de peuplement amérindien Wayapi, marque l’angle sud-est de la Guyane; ses 60 habitants et ses 18 logements bénéficient de batteries solaires, d’un petit dispensaire et de soins et d’enseignement par radio, avec service sporadique d’un hélicoptère; sinon il est à trois jours de pirogue de Camopi (120 km à vol d’oiseau). Camopi partage dans ce sud avec Maripasoula la vaste zone d’intérêt écologique (znieff) des monts de la Haute-Camopi (216 886 ha), à l’intérieur de laquelle se distinguent les trois zones d’intérêt écologique (znieff) circulaires et de même taille (7 854 ha chacune) dites du mont Cacao de la Haute-Camopi, du mont Belvédère de la Haute-Camopi, du mont Saint-Marcel de la Haute-Camopi. Côté ouest, la commune atteint les hauts sommets de la Guyane (sommet Tabulaire et massif Émerillon), dépassant 800 m d’altitude. Elle contient la plus grande partie de la zone d’intérêt écologique (znieff) des Massifs centraux de la Guyane, qu’elle partage avec Régina et Maripasoula, ainsi qu’une part de la zone d’intérêt écologique (znieff) du massif des Émerillons et du piton Baron (15 031 ha) qui s’étend aussi dans les communes de Maripasoula, Saül et Régina, et la zone d’intérêt écologique (znieff) du Sommet Tabulaire (30 048 ha). Plus près de Camopi un peu au sud, a été distinguée la zone d’intérêt écologique (znieff) de la roche Touatou, un inselberg granitique (915 ha). Outre quelques dizaines de Wayapi, qui occupent trois sites au bord de l’Oyapock, le fond de peuplement amérindien reste représenté par quelques dizaines d’Émerillons (Téko), qui se tiennent surtout aux abords de la rivière Camopi à l’ouest du bourg. Ils conservent des relations avec des groupes épars dans le bassin du Maroni à Maripasoula, à travers le «chemin des Émerillons» qui relie la vallée de la Tamouri, affluent de gauche de la Camopi, à celle de la Ouaqui; ce passage est défini comme «zone de droits d’usage collectifs» au milieu du Parc national amazonien. Des orpailleurs non déclarés s’activent dans les criques Sikini et Alikéné, petits affluents de gauche de la Camopi à l’ouest de Camopi, où des traces de pollution au mercure ont été relevées. Le bourg de Camopi a un centre de santé départemental; des écoles (trois dans la commune) et un collège (220 élèves). Un aérodrome de statut communal, longtemps impraticable mais dont la piste a pu être remise en état, devient la véritable porte du village. Celui-ci est également ravitaillé par hélicoptère, ou en pirogue depuis Saint-Georges; il dispose d’une microcentrale thermique de 70 kVA. La population recensée est en nette augmentation: 400 hab. en 1975, 750 hab. en 1990, 1 100 hab. en 1999. L’accès de la commune est réglementé en raison de son caractère frontalier et de protection des populations indiennes tupi-guarani Téko (Émerillons) et Wayampi. De l’autre côté de l’Oyapock se trouve le village brésilien Villa Brazil, avec lequel se font des échanges plus ou moins licites. |