(48 750 Bastiais, 1 938 ha) est ou était la préfecture de la Haute-Corse. La ville est située sur la côte orientale de l’île, à la racine du Cap Corse. Son nom, qui est le même que bâtisse ou bastide, vient d’une tour dressée par les Génois en 1370, transformée plus tard au 15e s. en forteresse appelée Terra Nova, par opposition au petit port indigène dénommé Terra Vecchia. C’est ensuite que les Génois y transférèrent leur «capitale» insulaire, jusqu’alors établie à Biguglia. L’ensemble a gardé le nom de la première tour. Bastia a servi de base aux Génois pour la possession et l’administration de toute l’île, et en a été la seule capitale durant trois siècles, même si son autorité avait du mal à dépasser les «monts». Elle en devint une base forte du pouvoir religieux, et un centre culturel assez affirmé au 17e siècle. Puis, victime de raids destructeurs des paysans de la montagne en 1730, elle fit plutôt bon accueil aux Français lors de l’acquisition de l’île en 1768. Elle n’y gagna pourtant pas. Déjà Paoli préféra que le chef-lieu du département de Corse fût transféré en 1791 à Corte; il le replaça à Bastia en 1794-1796, mais au temps du royaume anglo-corse. Ensuite Bastia ne fut plus que l’une des deux préfectures, et pas la principale: elle payait ainsi son passé trop génois, et les Bonaparte étaient d’Ajaccio… Elle perdit son évêque au profit d’Ajaccio dès 1801 et fut même réduite au rang de sous-préfecture par Napoléon en 1811; ce n’est qu’en 1969 qu’elle a pu retrouver un statut de préfecture. Néanmoins, elle est restée entre temps une ville active, dotée d’une bourgeoisie relativement riche, et son activité présente n’a pas beaucoup à envier à celle d’Ajaccio. La ville est formée de plusieurs éléments bien distincts. Au sud, la citadelle de Terra Nova, aux murailles intactes, est juchée sur un promontoire d’environ 200 m sur 250, garni de maisons serrées sur d’étroites ruelles, bordé au nord et au sud de petits jardins et englobant deux églises dont l’ancienne cathédrale, le grand musée d’Ethnographie corse dans l’ancien palais des gouverneurs, et le petit musée des Miniatures dans l’ancienne poudrière. La citadelle domine au nord la rade du vieux port, qui sert à la plaisance; la route littorale passe par un tunnel de 850 m sous le port et sous la citadelle. Au nord du port subsiste l’ancien quartier de Terra Vecchia, très réaménagé aux 18e et 19e s.; les oratoires Saint-Roch et de l’Immaculée-Conception y sont visités. Puis viennent la grande esplanade Saint-Nicolas plantée de palmiers et, sur son côté nord, dans le quartier de Capanelle, l’hôtel de ville, le musée des arômes Cyrnarom associé à une petite fabrique de parfum sur l’avenue Sari, et les installations portuaires avec deux terminaux; le nouveau port est ceint d’une grande jetée qui le protège des vents et des houles du nord. Au pied des hauteurs du nord-ouest, ont pris place la gare, la préfecture et l’hôtel du département, un complexe de sports. En hauteur, la commune de Bastia a intégré celle de Cardo au nord-ouest, dont le vieux port de Bastia était à l’origine la marina, et qui est devenue une banlieue résidentielle. Le territoire communal culmine à 961 m au Pigno, à l’ouest du centre-ville; une route monte au col de Teghime (536 m), qui permet d’accéder à Nonza, à Saint-Florent et au Nebbio. Ce finage n’est pas très étendu, mais néanmoins intègre au sud les urbanisations de Lupino et Erbaiolo, en extension, avec un début de plage qui atteint presque l’étang de Biguglia; une «zone urbaine sensible» a été délimitée au-dessus de Lupino. Montessoro s’ajoute sur les hauteurs. Au nord, l’habitat est continu le long de la côte dans les communes de Ville-di-Pietrabugno (Toga), San-Martino-di-Lota (Pietranera et Grigione) et Santa-Maria-di-Lota (Miomo) successivement. Bastia est la seule cité corse classée parmi les «villes d’art et d’histoire» et son port de plaisance est le seul à être de classe «générale», mais n’a qu’une centaine de places — celui de Toga en ajoute plus de 400. Bastia est aussi la ville corse qui, en l’absence de grande entreprise, compte le plus d’ateliers, dont les chais de la maison Mattei, fondée en 1872, qui fabrique l’apéritif Cap Corse et propose son propre musée; mais l’usine est à Borgo. Toutefois Bastia s’efforce de développer un parc technologique Futura Corse Technopole, où s’est installée notamment l’École nationale supérieure des Arts-et-Métiers de Bastia. La ville a deux lycées publics dont un maritime et aquacole, 4 collèges publics, un collège-lycée catholique. Le centre hospitalier a 1 100 sal. et offre 316 lits, 3 cliniques en additionnent 260, dont Maynard (200 sal.); Bastia a aussi un hôpital psychiatrique, 4 centres de rééducation et réadaptation, une école d’infirmiers, un institut médico-éducatif, maison de retraite Notre-Dame (55 sal.). Les autres principaux employeurs sont EDF (110 sal.), l’ONF (100 sal.), La Poste (320), la Chambre de Commerce (65 sal.), les Chemins de Fer de la Corse (90 sal.); un Géant Casino (110 sal.), un centre Leclerc (110 et 130 sal.); centre d’appels Mediacom (60 sal.), aide à domicile Corsad (100 sal.); service des eaux (Régie du Service Public, 80 sal.); banque Société Générale (50 sal.), travail temporaire Visaltis (55 sal.), blanchisserie Roncaglia (55 sal.). Le port de commerce est le premier de Corse devant Ajaccio (2,1 Mt dont la moitié avec Marseille, 310 000 t avec Livourne, 280 000 avec Toulon). Le port de voyageurs, le premier de la Méditerranée française devant Marseille: 2 200 000 passagers en 2017, plus du double d’Ajaccio; 570 000 passagers sont échangés avec Livourne, 500 000 avec Toulon, 400 000 avec Nice, 310 000 avec Savone, 230 000 avec Marseille, et 130 000 avec Gênes; la compagnie Corsica Ferries assure 72 % du trafic, Moby 17 % et la Méridionale et Corsica Linea 5 % chacune. La gare ferroviaire est la troisième de Corse (45 000 départs par an). L’aéroport de Bastia, qui est à 20 km au sud, à Poretta dans la commune de Lucciana, a vu passer 1 550 000 passagers en 2019 (2e de l’île après Ajaccio), dont 270 000 internationaux, 560 000 à bas coût. Il s’y ajoute 6 000 t de fret. L’ensemble représente 41 000 mouvements dont 16 000 commerciaux, 7 000 voyages privés, 18 000 locaux (aéroclubs). La population de Bastia a augmenté de 8 650 hab. depuis 1999 (+22 %). La ville est siège de la communauté d’agglomération de Bastia peu étendue, limitée à 5 communes et 58 400 hab. sur 6 810 ha. Les 4 nouveaux cantons de Bastia totalisent 56 990 hab. dans 3 communes (Bastia, Furiani et Ville-de-Pietrabugno). L’arrondissement a 91 170 hab., 27 communes. |