contrée amphibie correspondant à la partie émergée des accumulations de sédiments du delta du Rhône. Elle s’étend à la fois dans les Bouches-du-Rhône et dans le Gard, donc dans deux régions distinctes. Le Rhône y diverge entre deux bras, le Grand Rhône à l’est et le Petit Rhône à l’ouest. On appelle en général Grande Camargue la partie comprise entre les deux bras, Petite Camargue la partie située à l’ouest du Petit Rhône, dans les Bouches-du-Rhône (Petite Camargue saintoise) ou dans le Gard (Camargue gardoise). Au sens large qui est celui de l’«Observatoire Camargue», l’ensemble s’étend sur 145 300 ha dont 27 800 pour la Camargue gardoise, 8 900 pour la Petite Camargue saintoise, 78 000 ha pour la Grande Camargue et 31 300 ha pour le Plan du Bourg, partie située à l’est du Grand Rhône comportant certes des marais, mais aussi de larges portions de la Crau et les plaines de Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis, et habituellement considérée comme relevant plutôt de la Crau. Hors ce dernier secteur, on peut donc considérer que la Camargue proprement dite s’étend sur 114 000 ha, dont 88 000 dans les Bouches-du-Rhône, exclusivement dans les communes d’Arles et de Saintes-Maries-de-la-Mer. L’ensemble est soumis à des risques d’inondation par les crues du Rhône et de certains affluents comme le Gardon, et a exigé de grands travaux de protection et de régulation, depuis la digue à la mer de 1859 et l’endiguement du Grand Rhône en 1869; ils sont parfois remis en question après quelques désastres, quand apparaissent certaines négligences, souvent associées à des conflits d’usage. La Camargue intéresse en effet de nombreux acteurs, aux intérêts parfois divergents. Un peu plus de la moitié de l’étendue est occupée par des espaces dits naturels (étangs et marais, sables et landes), 30 000 ha par les cultures, 13 000 par les salines. L’étang de Vaccarès est au milieu du delta, mais n’est que le plus étendu d’un ensemble d’étangs allant du Grau-du-Roi jusqu’au sud-est de Port-Saint-Louis-du-Rhône, de l’autre côté du Rhône, le long du littoral. L’ampleur des plans d’eau, la végétation particulière où abondent les tamaris, les salicornes et les saladelles, l’instabilité des terrains soumis aux débordements du Rhône, ont contribué à faire de la Camargue une contrée très originale. Elle a été longtemps occupée par les manadiers, éleveurs de taureaux et de chevaux à partir de grands mas, et elle le reste en partie; le cheptel est évalué à 10 000 têtes et cette activité soutient toute une culture locale illustrée par les fêtes, compétitions, rites et gastronomie. La chasse aux oiseaux et la pêche y conservent quelque place et de fervents amateurs. Les marais salants, dont on tire environ un million de tonnes de sel par an, avaient déjà ajouté à sa diversité, d’ailleurs accrue par l’apparition d’une industrie chimique du sel à Salin-de-Giraud. L’introduction de la riziculture au lendemain de la dernière guerre a encore accentué les contrastes, et parfois d’ailleurs entraîné des conflits d’usage; elle a aussi contribué à l’opposition entre une «haute» Camargue plus agricole, où la culture du riz a accentué le dessalement des sols, et une Camargue des étangs où subsiste la sansouire, forme de végétation des terrains salés. La riziculture a atteint un maximum de 33 000 ha en 1962, puis a fortement décliné en raison de difficultés économiques, jusqu’à 4 400 ha en 1981; elle a bien repris ensuite, et atteint environ 20 000 ha, pour une production de 110 000 t/an. Elle a obtenu une indication géographique protégée (IGP) en 2001. D’autres usages se sont ajoutés: les cabanes de pêche et de chasse ont tendu à devenir des résidences secondaires et même permanentes, accueillant une population originale, sinon marginale; Saintes-Maries-de-la-Mer accueille de façon plus ou moins permanente également des nomades, ou «gens du voyage», dont la ville est un actif lieu de pèlerinage. Par chance, des mesures assez précoces ont permis de limiter les dégâts de la fréquentation touristique en la canalisant, en offrant des aménagements bien balisés, en fermant de nombreux chemins; elles n’empêchent pas certaines accumulations «sauvages» dans quelques parties plus ou moins sacrifiées, comme la courbe de l’Espiguette dans le Gard. Le parc naturel régional de Camargue, créé dès 1970, englobe toute la Camargue provençale, à l’exception de la Tête de la Camargue au nord, en banlieue ouest d’Arles, et des menues parties camarguaises situées à l’est du Grand Rhône. Il occupe 86 300 ha, qui ne relèvent que de deux communes, Arles et Saintes-Maries-de-la-Mer, et où n’habitent que 7 200 personnes; 55% de la surface sont en espaces dits naturels. Exceptionnellement, le parc a été géré par une fondation privée jusqu’en 2001; un syndicat mixte lui a été substitué en 2004 après une période de transition. La Maison du Parc est au Pont de Gau, 4 km au nord du village de Saintes-Maries. Le Parc inclut la Réserve nationale de Camargue, qui englobe l’étang de Vaccarès (6 400 ha) et la partie centrale du cordon littoral du golfe de Beauduc au sud, sur 13 000 ha dont une partie en mer. La réserve a été créée en 1975, et son point d’accueil est à la Capelière (Arles), avec un gîte un peu au sud au salin de Badon. Une Réserve départementale des Impériaux la jouxte au sud-ouest sur 2 780 ha, dans les étangs de Malagroy et de l’Impérial. Un Observatoire Camargue a été créé en 2001, associant les autorités du parc et des Réserves, la mairie d’Arles, et deux centres de recherche: la station biologique de la Tour du Valat, fondation de recherche privée à but non lucratif créé en 1954, qui emploie 50 personnes et dont le terrain de recherche s’étend sur 2600 ha, dont 1 100 en réserve naturelle; juste à côté, le Desmid (Dynamique écologique et sociale en milieu deltaïque) du CNRS et de l’Université de la Méditerranée. Le Conservatoire du Littoral a acquis le domaine de la Palissade au sud-est de Salin-de-Giraud (700 ha), ceux du mas de la Cure (290 ha) près du château d’Avignon et de Méjanes (64 ha), tous deux au nord des Saintes-Maries, ainsi que le bois de Tourtoulen (44 ha) à Arles au bord du Grand Rhône près du château de l’Armellière. Deux bacs fonctionnent en Camargue, celui de Barbaran à Salin-de-Giraud sur le Grand Rhône, celui du Sauvage sur le Petit Rhône un peu au nord de Saintes-Maries. Le Petit Rhône est traversé par des ponts routiers en amont, à Sylvéréale (Saintes-Maries) et à Figarès face à Saint-Gilles-du-Gard (commune d’Arles). Il existe depuis 1997 une appellation contrôlée (aoc) taureau de camargue pour la viande; le siège syndical est au mas du Pont de Rousty (Arles). La communauté d’agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette rassemble 6 communes et 83 700 hab., dont Tarascon. |