grand ensemble montagneux de l’Est de la France et de Suisse occidentale, entre les Alpes et les Vosges. Il a la forme d’un grand croissant de 300 km de long, et de 70 km de large au centre, dont la convexité est face au nord-ouest. Il dépasse au sud la vallée du Rhône, atteignant Aiguebelle à la hauteur de Chambéry; au nord-est, il s’arrête au-dessus d’Aarau, 30 km à l’est de Bâle. Son nom viendrait d’un vieux terme iuris évoquant une montagne boisée, et se prononce ioura en germanique. Son relief est fort dissymétrique: il est très élevé au sud-est, au-dessus des plaines du Léman et du cours du Rhône, où il atteint 1 720 m au Crêt de la Neige selon les nouveaux résultats de l’IGN, et où il dessine une alternance de monts et de vaux parallèles. Vers le nord-ouest au contraire, il offre de larges surfaces de plateaux entaillés par quelques profondes vallées aux versants couronnés de corniches calcaires. Il se termine à l’ouest et au nord par un talus marqué, généralement nommé Revermont même s’il prend aussi localement d’autres noms, qui domine la plaine de Bresse. Du point de vue géologique, le Jura correspond à un vaste accident surélevant des terrains surtout d’âge jurassique, particulièrement exhaussés du côté des Alpes par le même mouvement général de surrection lié à la tectonique des plaques. La partie proche des Alpes est vigoureusement plissée (Jura plissé), la partie plus éloignée (Jura des plateaux) associe des blocs de terrains à dominante calcaire et massifs, cassés par endroits et coinçant localement quelques plis. Le Jura est devenu un modèle pour l’étude de certaines formes du relief, précisément dit jurassien: l’érosion fluviale a pu trancher des plis en cluses (terme local venant de l’idée de lieu clos) aux parois calcaires spectaculaires; elle a pu dégager des combes dans les terrains tendres éventuellement présents au cœur de plis anticlinaux (les monts), couronnées par de hautes parois calcaires donnant aux crêts leur profil dissymétrique caractéristique; et, à l’occasion, certains fonds de val aux roches très résistantes (en principe un pli synclinal) se sont retrouvés perchés. Cluse, combe, crêt, mont et val sont des termes très génériques qui peuvent désigner localement toutes sortes de reliefs, mais auxquels les géomorphologues ont attribué des significations restreintes et bien établies dans l’analyse de reliefs plissés. De par sa situation et son élévation, le Jura est très arrosé et enneigé, et son climat est rude en hiver. Sa couverture végétale se partage entre forêts, surtout de résineux (épicéas notamment) et prairies naturelles. L’activité agricole traditionnelle est l’élevage laitier et fromager, où règne la pie-rouge montbéliarde, seule tolérée (avec sa cousine la simmental) pour des appellations contrôlées comme le comté ou le morbier. Les contraintes de la vie montagnarde avaient incité à des formes de travail coopératif dont témoignent les fruitières, fromageries communautaires où chacun apportait (et souvent apporte encore) son lait, et les utilisations communes de la forêt. Elles ont favorisé également les formes de travail complémentaires dans les familles paysannes, notamment le travail du bois et de la corne, voire des pierres précieuses; la proximité de la frontière suisse et des capitaux genevois y a beaucoup aidé. C’est pourquoi le Jura reste un domaine d’artisanat et d’ateliers spécialisés, avec des dominantes locales, dans la tabletterie et la tournerie, les jouets, les pipes, la lunetterie, l’horlogerie, la bijouterie — le plastique s’étant substitué au 20e siècle à la plupart des matériaux anciens, en particulier autour d’Oyonnax. Quelques firmes ont émergé et regroupé une partie du travail, mais l’ensemble reste assez dispersé et spécialisé. Le tourisme procure désormais une troisième source de revenus. Il est favorisé par la beauté de certains sites du Haut Jura et par de nombreuses stations équipées à la fois pour le ski de fond et le séjour de cure estivale, par les possibilités de sports nautiques (canyoning) et les grands lacs comme Vouglans et Coiselet. La partie la plus élevée du massif du Jura, et toute son extrémité méridionale, sont dans le département de l’Ain; elle s’y divise généralement en Pays de Gex, Haut-Bugey (Nantua), Bas-Bugey (Belley) et Revermont au nord-ouest. Le Rhône donne l’impression de limiter au sud le massif jurassien, mais du point de vue du relief et de la géologie il reste encore une fraction du Jura au sud du Rhône. Au sens strict, le Mont Jura désigne le grand chaînon montagneux anticlinal nord-sud dominant la plaine de Gex et qui culmine à 1 720 m au Crêt de la Neige (v. Monts Jura). |