' (25 040 hab., 216 000 ha) est une commune de la Guyane sur le littoral, 60 km NO de Cayenne à l’embouchure de la rivière de Kourou, rive gauche, dans la CC des Savanes. La ville avait 19 000 hab. en 1999, 13 900 hab. en 1990 et 4 800 hab. en 1975, seulement 660 en 1961. Kourou est un ancien site de peuplement, où Choiseul avait essayé de lancer en 1763 une colonisation qui s’est avérée désastreuse pour des raisons sanitaires (paludisme), les survivants ne reprenant quelque force qu’en émigrant à nouveau vers les îles voisines, vierges de moustiques, qui y ont gagné leur nom d’îles du Salut. Mais la ville n’a prospéré qu’avec l’installation du Centre spatial de Guyane (CSG), décidée en 1964 après l’abandon de la base saharienne de Reggane en Algérie, et en fonction de la situation proche de l’équateur, intéressante pour le lancement de satellites, surtout géostationnaires. Le CSG, emploie directement 1 500 personnes et indirectement plus de 10 000. Il a commencé à fonctionner en 1968 avec le lancement d’une fusée sonde (Véronique). En 1970 eut lieu le tir de la première fusée porteuse de satellite (Diamant B). Puis, après l’échec de la fusée Europa et une période de doute et de réduction des effectifs jusqu’à 360 personnes (1973-1976), le premier tir d’Ariane permit de relancer l’activité en 1979; les fusées Ariane 3, 4 et 5 ont été successivement lancées en 1984, 1988 et 1996; Ariane 6 en 2023. Le CSG qui associe les partenaires européens, a été complété par le Comité industriel et spatial de Guyane (CISG), qui groupe plusieurs opérateurs: Arianespace; EADS (intégration et mise en œuvre du lanceur) qui emploie 60 sal., jusqu’à 200 au moment des lancements; Regulus (fourniture de propergol, 80 sal.), filiale de Fiat et de la SNPE (Société nationale des poudres et explosifs); Europropulsion (intégration des propulseurs, 50 sal., coentreprise du groupe français Safran et de l’italien Avio, issue de Fiat et dominée par le britannique Cinven); L’Air Liquide (ALSG, 45 sal.), qui fournit les fluides et spécialement l’hydrogène, l’azote liquide et l’hélium; MT Aerospace (métallerie et maintenance, 65 sal.), firme allemande d’Augsbourg. La base et ses annexes assurent près de la moitié de la production industrielle du département de la Guyane, 26% de son produit intérieur, 24% de ses emplois (12 000) et 40% des impôts locaux. Son territoire s’étend sur 65 000 ha, incluant la ville de Kourou. Le CSG est équipé d’un quai maritime au port de Pariacabo en amont de Kourou sur la rivière de Kourou; il exige de puissants dragages réguliers d’un chenal de plus de 10 km, réaménagé en 1995, et peut réceptionner les gros éléments d’Ariane 5. Le territoire de la base de Kourou intègre aussi depuis 1990 un grand centre d’écoutes Frégate de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et de son équivalent allemand le BND (Bundesnachrichtendienst). En outre, s’est construit à Kourou un site d’antennes chargé de suivre trente satellites pour le compte du programme européen Galileo de guidage des communications terrestres, concurrent du GPS états-unien. Au sud-est de la ville de Kourou, au-dessus du confluent de la Kourou et de la crique des Pères, la montagne des Pères porte la station d’observation Galliot et un centre de radar, tous deux au CSG, ce qui donne au périmètre d’installations du CSG une envergure de quelque 40 km. Les installations spatiales s’étendent à l’ouest dans la plaine littorale, débordant sur la commune voisine de Sinnamary. La partie principale occupe un périmètre de 7 km N-S et 4 km E-O, comportant les installations d’assemblage, les usines de gaz industriels et de carburants, le poste de commandement et les trois séries de plates-formes de lancement d’Ariane et de Véga. Un peu plus à l’est sont l’aire de lancement des fusées-sonde et l’ancienne aire de la fusée Diamant, ainsi que la station météo, tandis qu’à l’ouest ont pris place la station Diane de suivi des tirs et, plus loin dans la commune de Sinnamary, l’aire de lancement des fusées Soyouz. Des installations de contrôle sont sur les îles du Salut, à 15 km au large. Plusieurs points d’observation des lancements, portant des noms d’oiseaux, ont été aménagés pour les visiteurs à 4 ou 5 km des pas de tir. La ville de Kourou est établie sur le littoral, à l’embouchure même de la rivière de Kourou; des plages sont accessibles dans les criques d’un cap rocheux où a été dressée la tour Dreyfus. Un marais des Amandiers sépare la ville du fleuve. Le lac du Bois Chaudat orne le centre-ville, derrière le quartier originel du Bourg, dessiné perpendiculairement à la rive de l’estuaire, à partir d’un petit port de pêche. Le port maritime traite 43 000 t par an, dont 35 000 t d’hydrocarbures, un peu en amont. Vers l’ouest de l’agglomération, d’où émergent les «monts» Pariacabo et la «montagne» Carapa, petits massifs de collines qui s’élèvent tous deux à environ 80 m, sont des bureaux et installations centrales du CSG, un petit aérodrome ouvert au trafic civil, et le musée de l’Espace. De là, la «route de l’Espace» mène aux vastes domaines techniques du CSG. Kourou est d’ailleurs très visitée, même en dehors des lancements. Un «totem de la Sagesse» de 11 m de haut a été érigé au rond-point du collège Schoelcher; le marché, animé par les producteurs Hmong, est très visité. La commune compte environ 600 constructions illicites (habitat dit spontané). La ville accueille tous les services de base, un IUT de trois départements (techniques de commercialisation, génie électrique et informatique pour l’industrie, réseaux et télécommunications), trois collèges publics (2 000 élèves), un lycée polyvalent et un lycée professionnel publics. Un hôpital de 70 lits (centre médico-chirurgical CMCK), privé à but non lucratif, avec participation du CSG, est géré par la Croix-Rouge. Kourou a aussi un centre d’aide par le travail (ESAT de Matiti) et une maison d’enfants. Elle accueille, au quartier Forget au nord de la ville, un régiment de légionnaires, le 3e régiment étranger d’infanterie (3e REI), arrivé au moment où la base du CSG connaissait sa plus grave crise, et dont l’effectif dépasse 600 personnes. Un «campus agronomique» de 18 ha, non loin de là, rassemble des bâtiments, bureaux et laboratoires du CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), de l’IRD (Institut de recherche pour le développement), de l’INRAE (Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et une antenne de l’ENGREF (École nationale du Génie rural et des Eaux-et-Forêts), avec un centre commun de documentation et de conférences au nom de Silvolab, groupement d’intérêt scientifique pour la recherche forestière tropicale; environ 150 à 200 personnes au total travaillent sur ce campus. Le CIRAD possède également un laboratoire des sciences du bois dans la zone d’activités de Pariacabo et de vastes terrains de recherche à l’ouest de la commune, dans le périmètre du CNES mais en fait dans la commune de Sinnamary. Les principales entreprises de Kourou forment un ensemble plus étoffé que celui de Cayenne, où se distinguent une usine électrique EDF (turbine à combustible de 22 MW), le CNES (300 sal.), CEGELEC (150 sal.), Telespazio (130 sal.), Ariane Group (95 sal., l’APAVE (80 sal.), MT Aerospace (60 sal.), Idex Space (55 sal.), RMT (50 sal.) les gardiennages SERIS (170), Samsic (140 sal.) et Sante Frans (60 sal.), l’Immobilière Kourou (85 sal.), La Poste (55 sal.). La création de la base a été à l’origine de la construction du barrage du Petit Saut, qui est à 50 km au SO (à vol d’oiseau). La commune de Kourou s’étend du nord au sud sur 80 km dans la forêt, se terminant en pointe aux abords du parallèle 4°30’N. Elle contient ainsi tout le bassin de la rivière de Kourou, mais les altitudes des bordures n’atteignent pas 150 m du côté de la source. Elle occupe 36 km de côte et inclut le site (classé) de roches gravées de Carapa, le plus riche de Guyane, à une douzaine de kilomètres de la base de tir et qui sert d’observatoire public lors des lancements. Le long de la côte, ont été reconnues les zones d’intérêt écologique (znieff) de l’embouchure de la crique Karouabo (2 609 ha), et des savanes et pripris de Bois-Diable (7 213 ha). Les premiers reliefs portent les zones d’intérêt écologique (znieff) des savanes et de la crique Karouabo (5 968 ha), de la crique Passoura et des savanes de Pariacabo (5 123 ha), de la savane et montagne des Pères (3 509 ha), de la Montagne des Singes (2 984 ha). La montagne Saint-Michel est un site intéressant, au-dessus du hameau de Léodate. Une route du saut Léodate a été en partie construite, mais à partir de Montsinéry. Vers la limite orientale de la commune dans les savanes au SE de Kourou, la vaste aire d’aménagement agricole de Wayabo a été mise en valeur sur 5 000 ha avec les crédits européens du programme Leader. La rivière de Kourou est un fleuve, qui mesure 112 km de long et dont le bassin est entièrement compris dans la commune. Elle naît vers 4°30’N et coule vers le nord puis fait un grand coude vers l’est sous la montagne Wakapou, laissant au nord la montagne des Singes; le fleuve revient ensuite vers le nord à la longitude de la ville de Kourou; son estuaire est de direction ouest-est. Quelques hameaux s’échelonnent en amont, jusqu’au saut Léodate. |