Nîmes

(154 200 Nîmois, 16 185 ha dont 5 900 de bois et garrigues, 660 de vignes) est la préfecture du département du Gard, 50 km à l’ENE de Montpellier. Nîmes est une ville vénérable, classée parmi les «villes et pays d’art et d’histoire». Elle fut un chef-lieu des Volques Arécomiques, qui la nommèrent d’après leur dieu Nemeto, traduit Nemausus en latin. Elle devint une solide cité gallo-romaine, étape majeure sur la Via Domitia; elle y reçut une colonie de légionnaires retour d’Égypte, ce qui lui procura pour emblème un crocodile, qui demeure son fétiche. La proximité relative du Rhône et une bourgeoisie devenue majoritairement protestante lui valurent de participer assez activement à l’industrie de l’époque moderne, bien plus en tous cas que les autres grandes villes languedociennes, notamment dans le textile: on nomme encore denim en Amérique les toiles qui ont servi à confectionner les jeans.

La richesse relative de sa bourgeoisie, plus entreprenante et moins robine que celle de Montpellier, ses relations étroites avec Lyon et avec Paris, en ont fait une ville bien équipée, notamment dans les commerces de haut niveau, et réputée «branchée» du côté des adultes, sans le côté «jeunes» et étudiant de sa rivale. Elle a investi dans l’art, les fêtes et les équipements culturels, tout en devant traverser de dures périodes de crises et de reconversions des emplois.

Nîmes a conservé de superbes restes de son passé romain. La vieille ville se tient, comme Montpellier, dans un Écusson à l’intérieur des boulevards qui ont repris le tracé de l’enceinte médiévale; on y a retrouvé quelques axes de la ville romaine, mais très modifiés, au point que, si le cardo a été à peu près identifié, le decumanus ne l’est guère. À la pointe méridionale de l’Écusson, se tiennent les arènes romaines, probablement de la fin du premier siècle de notre ère, une vaste ellipse de 133 m sur 101, siège des grandes férias taurines de printemps et d’automne depuis 1952. Elles donnent sur une grande esplanade ornée en son centre de la fontaine Pradier (19e siècle) que prolonge vers la gare, en direction du sud, l’avenue Feuchères. Le palais de justice est proche des arènes, la préfecture est au sud vers la gare, dans les quartiers du 19e siècle.

L’angle nord-est de l’Écusson est fixé par la porte romaine d’Auguste, dont subsistent les ruines. L’angle nord-ouest est tenu par la célèbre Maison Carrée, un temple romain plus rectangulaire que carré, qui date des toutes premières années de notre ère. Elle est accompagnée depuis 1993 par le Carré d’Art, œuvre de Norman Foster, musée d’art contemporain consacré aux expositions et rencontres; l’opéra du 19e siècle est tout près. À l’intérieur de ce triangle, la vieille ville contient, dans un dédale de rues piétonnes, la cathédrale et le palais épiscopal, les halles, l’hôtel de ville, les musées d’archéologie et histoire naturelle et du Vieux Nîmes, et un nombre respectable de beaux hôtels bourgeois.

Hors de l’Écusson, vers le nord-ouest, un canal mène aux Jardins de la Fontaine, héritage gallo-romain transformé au 18e siècle en un parc d’agrément. C’est là que parvenaient les eaux de l’aqueduc du Pont du Gard; le Castellas, découvert assez récemment, servait de réservoir de distribution générale et se raccorde à des restes de l’enceinte romaine. Le Jardin est en pente, sur le talus du plateau des Garrigues. Il contient en bas le temple de Diane, en haut la tour Magne, octogonale, sans doute de quelques années plus vieille que notre ère et qui faisait partie de l’enceinte romaine. On sait qu’elle a inspiré le plus célèbre distique holorime en français, attribué à Victor Hugo mais qui serait du professeur genevois Marc Monnier (1829-1885): «Gal, amant de la reine, alla, tour magnanime, Galamment de l’arène à la tour Magne à Nîmes». Des Jardins part vers le sud la longue et large avenue Jean Jaurès; des projets en feraient un axe majeur de l’urbanisme futur, prolongé dans la plaine jusqu’à Caissergues et à l’aéroport.

L’espace urbanisé est dissymétrique, à cheval sur les Garrigues au nord, la plaine de la Vistre au sud; cette disposition présente des risques connus en cas de très fortes pluies, comme l’ont montré les inondations du 3octobre 1988, le centre-ville étant au pied même des reliefs. Le finage communal est très étendu sur les Garrigues, et fort loin d’être entièrement habité; de vastes surfaces sont encore attribuées à un camp militaire vers le NE, un terrain de golf au NO de la ville; les lotissements de villas se développent. Le côté sud est très différent. Il concentre dans la plaine de la Vistrenque les circulations de transit du grand couloir languedocien, le gros échangeur de raccordement de l’A 9 et de l’A 54 vers Arles et Marseille, deux zones d’activités à l’ouest et à l’est, le parc aquatique (Aquatropic) et le stade à l’ouest, l’aérodrome de tourisme et loisirs de Courbessac à l’est, près des triages ferroviaires. Au-delà du Vistre, la commune envoie vers le sud, au-delà à l’ouest de Caissergues, une extension qui se termine près de l’aéroport de Garons, est traversée par la LGV et contient quelques châteaux bourgeois et un autre golf.

Plusieurs «zones urbaines sensibles» ont été identifiées: à l’est le Chemin bas d’Avignon, au NE le Mas de Mingue, et surtout à l’ouest le grand ensemble de Pissevin-Valdegour, juché dans les années 1960 sur les collines au nord de la Vistrenque, qui a obtenu un statut de zone franche urbaine. La croissance de la population nîmoise est sensible, quoique inférieure à celle de Montpellier. Nîmes avait déjà 80 000 hab. en 1901 (Montpellier 76 000 seulement), 94 000 en 1936 (Montpellier 91 000); elle est passée à 100 000 en 1962 (Montpellier déjà à 119 000), a sauté à 123 000 en 1968 avec l’arrivée des rapatriés, 128 000 en 1975 (mais Montpellier est alors à 191 000), puis a décliné un moment, avant de reprendre une croissance affirmée; elle aurait gagné 16 460 hab. depuis 1999.

S’agissant de territoires communaux très vastes, cette divergence tient en partie à la différence de nature des activités: Nîmes plus industrielle au 19e siècle, affrontant des crises après 1950, et manquant du soutien des fonctions administratives et de commandement de niveau régional, ou de l’université. C’est plus tard que les universités montpelliéraines ont accordé à Nîmes quelques filiales: arts au fort Vauban (600 étudiants, avec IUP des arts et de la culture, Nîmes ayant aussi une active Écoles des Beaux-Arts), droit-économie, lettres-langues, psychologie, sciences sur le site des Carmes (biotechnologies, déchets, information) et un IUT de 5 départements. L’ensemble représente environ 4 000 étudiants, dont un millier pour l’IUT. La commune dispose en outre de 9 lycées et 12 collèges publics, 3 lycées et 7 collèges privés.

Elle ne manque pas de ressources festives et culturelles: grandes fêtes taurines attirant jusqu’au tout-Paris, festival de Nîmes en juillet, festivals Nîmes Culture (avec France-Culture), Rire en scène, O Crépuscules (cinéma), Rock junior. Elle propose six musées: beaux-arts, art contemporain, histoire naturelle, archéologie, Vieux Nîmes, culture taurine, planétarium, musée hors les murs (œuvres d’art dans la ville), plus une Cité des métiers. Nîmes est très bien reliée à Paris par le TGV en moins de trois heures, intégralement sur ligne à grande vitesse, mais a perdu ses liaisons aériennes; l’aéroport Nîmes-Arles-Camargue, si ambitieux soit son nouveau nom, n’a plus de relations qu’avec les Îles britanniques par Ryanair, et subventionnées (v. Garons).

Les principaux employeurs du secteur tertiaire sont comme ailleurs ceux du centre hospitalier (5 000 personnes, 800 lits) et des cliniques (6 établissements, 1 200 salariés, 620 lits) dont l’hôpital privé des Franciscaines (410 sal.), les polycliniques du Grand Sud (440 sal.) et Kenval (250 sal.), la clinique des Sophoras (80 sal.) et Nephrocare (60 sal.), des administrations (2 000 sal. à la mairie). Nîmes abrite également plusieurs unités de l’armée: la 6e BLB (brigade légère blindée, au total 6 000 personnes), le 2e REI (régiment étranger d’infanterie) qui lui est rattaché, le 4e RMAT (régiment du matériel).

Le commerce est très actif; Nîmes accueille notamment un Géant Casino de 220 sal., deux Carrefour de 300 et 230 sal. et un Carrefour Market de 60 sal., un Auchan (210 sal.), un Leclerc (170 sal.) et deux Intermarché (75 et 80 sal), plus VDI (piles et batteries, 240 sal.), Castorama (160 sal.), Leroy-Merlin (160 sal.), Decathlon (120 sal.), Monoprix (50 sal.), Cultura (55 sal.), Boulanger (50 sal., électroménager), Truffaut (50 sal., jardinerie); des négoces de plomberie FIC (140 sal.), de métaux Baurès (50 sal.), de fruits et légumes Pomona (160 sal.), de boissons (J. Boubée-Caves de Saint-Romain, 130 sal.), de surgelés Argel (50 sal.), de vaisselle Le Goff (75 sal.), de pharmacie Cerp (65 sal.); base de distribution du groupe Carrefour (290 sal.); entreposage ID (120 sal.), conditionnement Primaphot (180 sal.), transports Calberson (60 sal.).

La société d’aménagement BRL (Compagnie du Bas-Rhône-Languedoc) additionne 330 salariés, EDF 600 et Enedis 170, Engie 65, la Sncf 1 130 mais tous ne sont pas à Nîmes même; les transports urbains Keolis emploient 420 personnes et les transports départementaux Les Lignes du Gard 240; un marché-gare fonctionne pour les produits périssables. La banque et l’assurance sont étoffées avec notamment le Crédit agricole (250 salariés), la Caisse d’Épargne (230 sal.) et la Banque Populaire (170 sal.), la BNP (70 sal.), la Banque de France (55 sal.); assurances Axa-Iard (120 sal.), Sada (130 sal.); informatique GFI (60 sa.), Solware (55 sal.); ingénierie Cykleo (75 sal.); aide à domicile Domusvi (70 sal.) et Bien à la Maison (55 sal.); le club sportif Nîmes Olympique affiche 50 sal.; hôtel Vatel (SEHR, 120 sal.) et Novotel (55 sal.), restauration collective Sodexho (180 sal.) et SHCB (160 sal.).

Dans le bâtiment et les services associés, se signalent la gestion immobilière Un Toit pour Tous (65 sal.); les réseaux et installations électriques EEE (Omexom, 180 sal.), SPIE (65 sal.), Santerne (50 sal.); les constructions Eiffage (55 sal.) et les travaux publics Eiffage (120 sal.), Méridionale du Bâtiment (90 sal.), Eurovia (80 sal.); traitement des eaux Saur (170 sal.); sécurité Brinks (55 sal.) et Sud Gardiennage (130 sal.), nettoyages Immo Clean (320 sal.), Sud Services (135sal.), Aber Azur (130 sal.), C Propre (55 sal.), Océan (70 sal.), blanchisserie MAJ (Elis, 140 sal.), collecte de déchets Nicollin (130 sal.) et SITA (95 sal.); publicité Dauphin (Clear Channel,110 sal.), Adrexo (100 sal.) et Mediapost (100 sal.).

Finalement il ne reste aujourd’hui que peu de chose dans l’industrie: les appareils médico-chirurgicaux Winncare (110 sal.) et Cézanne (100 sal.), de radiologie Apelem (70 sal.); la conserverie de fruits et confitures Saint-Mamet (150 sal.); éditions Maxilivres (50 sal.); laboratoires de recherche Phutocontrol (90 sal.) et Monsanto (50 sal.), analyses médicales Bioaxiome (100 sal.). Il est vrai que quelques établissements sont dans les communes de banlieue.

La communauté d’agglomération Nîmes Métropole associe 39 communes, 256 400 hab. L’unité urbaine Insee est donnée pour 184 800 hab. (9 communes), l’aire urbaine pour 266 600 (50 communes, 77 600 ha). L’arrondissement de Nîmes compte 180 communes et 554 600 hab. Les quatre nouveaux cantons de Nîmes ne divisent que la commune.