Saint-Barthélemy

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a 10 550 habitants et occupe 2 400 ha. Elle est située par 62°50’O et 17°55’N, au sud-est de Saint-Martin et à 200 km au NO de la Guadeloupe. C’est une île de 9 km en longitude, entourée d’îlots. Les Caraïbes la nommaient Ouanalao, le pélican; ce nom réapparaît de nos jours dans l’hôtellerie et la publicité. Christophe Colomb, qui n’y a pas débarqué et l’a baptisée en passant, en 1493, en hommage à son frère, Bartolomeo. Elle était donc théoriquement espagnole, mais les Anglais y ont pris pied en 1648, aussitôt délogés par les Français. Longtemps oubliée et repaire de flibustiers et de boucaniers, elle a commencé à recevoir à partir de 1659 quelques colons normands et bretons invités à y cultiver le tabac, et surtout après 1763, date à laquelle elle a été rattachée à la Guadeloupe. Pas pour longtemps: Louis XVI la cédait en 1784 au roi de Suède, en échange de facilités portuaires à Göteborg. Les Suédois firent du chef-lieu, rebaptisé Gustavia, un port franc très apprécié comme relais de la grande navigation; mais un cyclone et des incendies frappèrent la colonie (en 1852 notamment), que les navires à vapeur finirent par abandonner au profit de mouillages plus septentrionaux; la Suède rétrocéda l’île à la France en 1878, et elle fut finalement rattachée au département de la Guadeloupe en 1946.

L’île est assez basse, ne culminant qu’à 281 m au morne calcaire du Vitet tout à l’est. Il y pleut rarement. Le climat est sec; des cactées dont certaines espèces de cierges et la «tête à l’anglais» (en forme de bonnet à poil) sont caractéristiques de la flore; il n’y a pas de véritable rivière et l’eau est rare: il a fallu installer une usine de dessalement de l’eau de mer, qui ne suffit pas à la demande; des citernes sont nécessaires. De ce fait, l’île n’a jamais été agricole et n’avait guère importé d’esclaves: son peuplement reste presque entièrement d’origine européenne. Ses habitants ont longtemps vécu de commerce et de pêche, bénéficiant des exemptions fiscales ménagées par les accords franco-suédois, et longtemps tolérées plus que véritablement légales. Un arrêt du Conseil d’État de 1985 a mis fin légalement à cette tolérance et les résidants sont désormais tenus de payer l’impôt sur le revenu. Toutefois, ils ne l’ont pas fait et n’ont pas été sanctionnés. On comprend néanmoins l’allure massive du vote en faveur d’un changement de statut en 2003, le nouveau étant censé permettre de retrouver le paradis fiscal.

Le chef-lieu, Gustavia, est sur la côte ouest (sous le vent). Il dispose d’une étroite et très belle rade, un peu comme à Bonifacio, très appréciée des plaisanciers et qui lui valut son premier nom, le Carénage, avant l’hommage rendu au roi de Suède. Le plan quadrillé du bourg est calqué sur la direction de la rade. Un peu au NO, Corossol est un village de pêcheurs, agrémenté d’un Musée international du coquillage. Entre les deux, le hameau de Public a reçu la centrale électrique, l’installation de dessalement de l’eau de mer et l’usine d’incinération des déchets, qui alimente en énergie la précédente. L’aérodrome a pu être construit tout auprès, mais sa piste est courte (600 m). Au nord-ouest, l’île est étroite et un peu moins de 4 km séparent Gustavia de la pointe à Colombier, orientée vers le nord-ouest, qui protège l’anse semi-circulaire de même nom. Orientée vers le nord, la plage de l’anse des Flamands est très recherchée. Plus près de Gustavia mais toujours sur la côte nord, l’anse des Cayes et la baie de Saint-Jean ne sont pas moins fréquentées, surtout la dernière, la plus proche de Gustavia. Le reste de l’île est un peu plus massif. Quatre anses fréquentées et bordées d’habitations découpent la côte nord, et y font autant de petites stations balnéaires: Lorient et Marigot, séparées par l’urbanisation de la Pointe Milou, Petit et Grand Cul-de-Sac, la dernière bien protégée par la barrière de corail. Trois autres anses découpent la côte sud, un peu à l’écart et moins habitée: le Gouverneur, Grande Saline où l’on tolère le naturisme, Grand Fond dominée par le morne de Vitet et le morne de Grand Fond (presque aussi haut, 274 m), et prolongée à l’est par l’anse Toiny, très recherchée. Les îlots sont vides, mais le plus éloigné et le plus grand, l’île Fourchue, 5 km au NO de la pointe à Colombier, offre un bon mouillage pour la plaisance.

La population est en forte augmentation: 5 000 habitants en 1990, moins de 2 500 dans années 1960. L’île dispose d’un collège et d’un hôpital local, d’un musée historique à Gustavia. La croissance est directement liée au tourisme, qui s’est manifesté tardivement, mais avant Saint-Martin: le premier hôtel est de 1945. Un maire entreprenant d’origine hollandaise s’est employé à jouer à fond la carte du tourisme de luxe et à séduire les riches États-uniens, qui avaient déjà utilisé l’île comme base de ravitaillement pendant la prohibition. Quelques gros investisseurs aidant, y compris les Rockefeller et les Rothschild, le succès est venu et les entreprises de bâtiment n’ont pas chômé. Le tourisme s’est très vite orienté vers le luxe et la sélectivité, et accueille surtout une clientèle nord-américaine. L’île se flatte de proposer 22 plages… et pas de casino. Les hôtels se dispersent dans presque toute l’île, sauf la côte sud; les plus nombreux sont à Saint-Jean et Lorient, puis Grand Cul-de-Sac et Gustavia, ainsi que sur les baies des Cayes et des Flamands; au total environ 900 chambres d’hôtel, et 400 villas de luxe. L’île est à un quart d’heure de l’aéroport de Saint-Martin par air, 50 minutes de la Guadeloupe; mais l’aérodrome est petit; des navettes maritimes font également le trajet de Saint-Martin (Marigot) en un peu plus d’une heure.