Saint-Pol-de-Léon

(6 870 Saintpolitains, 2 343 ha) est un ancien chef-lieu de canton du Finistère dans l’arrondissement de Morlaix, à 19 km NO de celle-ci près de la rive ouest de la baie de Morlaix, en Haut-Léon. La ville est un peu à l’écart du littoral, dont la sépare une petite plaine où trône le château de Kernévez (1850). Saint-Pol se nomma d’abord Castellum Leonense Pagus; ce fut une ville forte romaine, relancée au 6e s. par le moine Paul Aurélien, qui en fit un évêché; de là, Saint-Pol passa longtemps pour une ville de clergé et d’aristocratie. Elle reste une ville principalement tertiaire (commerce et services), renforcée par une nouvelle dimension touristique, au moins pour la visite. Elle a un collège public et un privé, un lycée privé, un Institut supérieur de formation en fruits et légumes (Isffel) lié à l’université de Brest. Elle est le siège de l’intercommunalité du Haut-Léon.

Outre l’ancienne et vaste cathédrale, son joyau architectural est le clocher du Kreisker, l’un des plus célèbres monuments bretons, en granite de Kersanton finement sculpté, souvent qualifiée de «dentelle de pierre» et dont la flèche monte à 77 m. Sur la côte abritée, exposée à l’est et où abondent les îlots, sont la plage de Pempoul, un centre nautique, de l’ostréiculture; colonies de vacances au château de Kersaliou, refait au 19e siècle. L’îlot Saite-Anne est relié et prolongé par des jetées, abritant le centre nautique. Au nord-est, la côte offre la plage de Kersaliou, que domine le château de Kerrom; vers le sud-est, au-delà de la Grève de Kervigou et de la pointe Saint-Jean, le finage atteint l’embouchure de la Penzé; au SE sont l’hippodrome de Lanvérec et le château de Kerantraon; la commune a deux campings, un hôtel. Sa population a diminué depuis 1950, où elle frôlait les 9 000 habitants, et encore de 900 hab. depuis 1999. Le nouveau canton de Saint-Pol-de-Léon a 14 communes, 31 500 hab., 24 600 ha.

La ville s’est surtout signalée comme un pionnier de la culture de légumes et de la coopération moderne, en créant en 1961 sa célèbre Sica (société d’intérêts collectifs agricoles), qui a introduit en France la vente «au cadran» et qui est devenue le premier groupement français de producteurs de légumes de plein champ puis de fleurs et plantes d’ornement. La Sica dispose à Saint-Pol de son siège, entouré de nombreuses installations, dont une station expérimentale; il emploie 100 personnes.

Les entreprises sont en parties liées à la spécialisation agricole et commerciale: outre les négoces de fruits et légumes Le Dauphin (35 sal.) et R. Rou (25 sal.) et de la Sica (120 sal.), s’y trouvent la conserverie de légumes Florette (130 sal.). Saint-Pol accueille les supermarchés Leclerc (180 sal.) et Super U (100 sal.), un Bricomarché (30 sal.); chaudronnerie Spie (20 sal.), carrosserie Hoet Bizien du groupe Turbo-Hoet (30 sal.), maintenance mécanique Interroll (40 sal.); constructions Paugam (25 sal.); traitement des eaux Suez (30 sal.), La Poste (40 sal.); transports Mesguen (160 sal.) et Rosko (45 sal.), taxis Le Pors (25 sal.), ambulances Étoile Bleue (25 sal.).

Saint-Pol-de-Léon et la SICA. Saint-Pol-de-Léon s’est illustré comme haut lieu de l’initiative agricole et maritime. Sa fameuse Sica, utilisant un sigle déjà connu en agriculture et doté d’un statut légal (société d’intérêts collectifs agricoles), est née en 1961, à l’initiative d’un groupe de jeunes agriculteurs menés par Alexis Gourvennec et qui avait entrepris de réformer le syndicalisme agricole breton à partir de 1957. La Sica rassemblait 1 200 agriculteurs et mettait en œuvre pour la première fois le système du marché au cadran, à enchères dégressives, inspiré par la Hollande: ce fut au prix de conflits aigus avec les négociants, de manifestations parfois violentes, et même de l’éjection du ministre de l’Agriculture alors en fonction, remplacé par Edgard Pisani en pleine crise, toujours en 1961. Le succès vint peu à peu. Plus tard la Sica prit la décision de se doter de ses propres moyens de transport pour gagner les marchés britanniques: elle acheta en 1973 un premier navire et créa une filiale Bretagne Angleterre Irlande (BAI), qui lança l’année suivante les Brittany Ferries et existe toujours (v. Roscoff).

Aujourd’hui, la Sica de Saint-Pol est la première entreprise de France pour les légumes et les fleurs et plantes d’ornement, qui font 20% de son chiffre d’affaires agricole, d’environ 200 M€; elle représente un millier d’adhérents (16 000 ha) et affiche une vente annuelle de 230 000 t de légumes (40% exportés), 25 millions de tiges de fleurs, 7 millions de plants de pépinières et 4 millions de plantes en pot. Elle a créé en 1970 la marque Prince de Bretagne (et en 1974 Brittany Prince pour l’outre-Manche), et passé des accords avec la grosse Coopagri de Landerneau, qui utilise la même marque. La Sica et ses filiales groupent 6 000 emplois directs, dont seulement 100 à la SICA au sens strict. Elle a notamment pour filiale la Compagnie bretonne de l’artichaut (BBA), intégrée en 1987. Deux autres Sica ont suivi à Paimpol et à Saint-Malo et travaillent en liaison avec Saint-Pol, au point de disposer d’un magazine commun.

Alexis Gourvennec, fils d’agriculteur né en 1936 à Henvic, a fait ses études à l’école d’agriculture catholique du Nivot à Lopérec; devenu un grand entrepreneur après avoir été un actif militant des syndicats agricoles, il a présidé la Sica jusqu’en 2004 et il est resté président de Brittany Ferries jusqu’à sa mort en 2007.