Bugey

contrée du département de l’Ain correspondant aux reliefs du Jura méridional, le pays de Gex mis à part. On distingue souvent le Haut-Bugey dans la partie septentrionale autour de Nantua, parfois surnommé Bugey Noir en raison de ses forêts de résineux, le reste étant désigné comme Bas-Bugey ou, plus souvent, Bugey tout court. Le gentilé le plus commun est Bugiste. Le relief est fortement marqué par le plissement et présente une succession de monts, vaux et combes orientés nord-sud et souvent étroits et resserrés, mais s’ouvrant parfois un peu en hautes plaines à la faveur de l’évasement de synclinaux, comme dans le Valromey ou le plateau d’Hauteville-Lompnès. Il est réputé culminer au Grand Colombier (1 534 m), mais le crêt de Chalam, à sa limite nord-est, monte à 1 545 m. Les principales hauteurs, battues par les vents d’ouest, sont l’alignement du Crêt du Nu-Grand Colombier à l’est au-dessus de Bellegarde, des forêts de Moussières et de Cormaranche entre Valromey et Hauteville, du Molard de Don au sud-ouest.

Le grand coude dessiné par le cours encaissé du Rhône enveloppe le Bugey par le sud. Vers le nord-ouest, les plis s’abaissent tout en se resserrant encore dans le Revermont. Le Bugey est donc un pays d’assez hautes terres, couvertes de forêts et de prés, au climat relativement rude et aux précipitations abondantes; l’enneigement est souvent fort et le Bugey a équipé de nombreuses stations de sports de neige, en ski nordique et même en ski alpin. La vie agricole est orientée vers l’élevage bovin, surtout laitier; le Bugey participe à la production de fromages des appellations comté, et en petite partie morbier et bleu de gex.

Au sud, cependant, le relief s’abaisse assez brusquement dans le bassin de Belley, que traverse le Rhône. Les basses pentes les plus méridionales portent des vignes, qui ont reçu l’appellation vdqs vins-du-bugey, obtenue en 1963 et précisée en 2003: environ 500 ha et 30 000 hl, avec une dominante de pétillants et de mousseux; les cépages de base sont le chardonnay et le gamay, associés à plusieurs cépages locaux (abbesse, mondeuse, etc.). Il existe plusieurs appellations particulières: manicle (Cheignin-la-Balme) pour 3 ha et quelques dizaines d’hectolitres, cerdon (Cerdon et sept communes voisines) qui est la principale (environ 250 ha), montagnieu (Montagnieu, Seillonnaz et Briord) sur 30 ha. Enfin, les environs de Seyssel ont droit à une aoc, qui toutefois concerne moins de 100 ha.

Belley est le chef-lieu incontesté de la partie méridionale, au débouché de la cluse des Hôpitaux qui facilite le passage vers Bourg-en-Bresse et Mâcon. Ambérieu-en-Bugey à l’ouest, Bellegarde-sur-Valserine à l’est ont une aire d’attraction qui mord sur le Bugey, mais sont des villes extérieures, la première très orientée vers Lyon, la seconde vers Genève. Le Haut-Bugey se divise entre Nantua et Oyonnax. Nantua est à l’étroit au bord de son magnifique lac, mais profite de la série de cluses calibrées jadis par les glaciers, qui tranchent les plis et ont permis à la voie ferrée, puis à l’autoroute, de traverser le Bugey entre Mâcon-Bourg et Genève. Oyonnax est dans un paysage un peu plus ouvert sur un axe franc-comtois, et entièrement occupée au service de son industrieuse «Plastic Vallée», héritière moderne des anciens artisanats de la montagne.

Ainsi, Haut et Bas Bugey sont assez nettement séparés, ont leurs propres réseaux de communications transversaux et externes et se distinguent aussi dans les coopérations intercommunales: le pays du Bugey est pour le moment le seul pays officiel reconnu dans l’Ain, et il n’englobe que le Bas-Bugey; le Haut-Bugey fait partie d’un autre «contrat de développement». Deux groupements portent le nom du Bugey: la communauté de communes Bugey-Arène-Furans, qui rassemble 8 communes (2 000 hab., 6 274 ha) et siège à Virieu-le-Grand; la communauté de communes Bugey-Vallée de l’Ain, qui associe 10 communes et 7 300 hab. (12 722 ha), principalement du canton de Poncin; son siège est à Jujurieux.

Le pays du Bugey a été préparé par l’ancien «pays d’accueil du Bugey, Avenir et Tradition», volontiers désigné par son acronyme Pabat. Il groupe 89 communes et 43 100 hab. (en 1999), 9 communautés correspondant à peu près à sept cantons: Hauteville, Albarine, Rhône-Chartreuse de Portes, Valromey, Bugey-Arène-Furans, Colombier, Belley, Rhône et Gland, Seyssel. La communauté Bugey-Vallée de l’Ain n’en fait pas partie malgré son nom. Belley en est le centre et héberge le siège du pays. Les principaux pôles d’emploi sont Belley, le plus diversifié, Culoz dominé par une grosse usine de mécanique, Briord par une usine de meubles et Hauteville-Lompnès par des établissements de santé. Les cantons d’Hauteville et de Champagne-en-Valromey concentrent les activités de loisirs hivernales. Belley est reliée à Lyon par deux voies: la cluse des Hôpitaux et Ambérieu, où passent la N 504 et la voie ferrée, et qui assure également la liaison avec la préfecture Bourg-en-Bresse; l’autoroute Lyon-Chambéry, plus rapide et qui passe à 25 km de Belley. Culoz est un lieu de bifurcation ferroviaire entre Bellegarde-Genève et Chambéry.

Le pays a peu d’agriculteurs (2,3%) mais beaucoup de retraités (37%) et d’ouvriers (23%), moins d’employés que dans la moyenne départementale. Le nombre d’habitants croît un peu mais exclusivement grâce aux migrations, car son solde naturel reste légèrement négatif, la population bugiste étant assez âgée. Le nombre d’habitants des cantons de Saint-Rambert et d’Hauteville, au nord-ouest, continue de baisser.