Communauté d’agglomération du Centre Littoral

Centre Littoral (communauté d’agglomération)

groupement intercommunal de la Guyane, associant Cayenne et les 5 communes voisines de Rémire-Montjoly, Matoury, Roura, Montsinéry-Tonnegrande et Macouria, toutes de plus de 2 000 hab. Elle contient ainsi 57% de la population de la Guyane (147 900 hab.), sur 6% de son territoire (508 690 ha).


Cayenne

(66 330 hab., 2 360 ha) est la préfecture de la Guyane, dans la CA du Centre Littoral. La moins étendue des communes guyanaises est aussi la plus peuplée, et continue de croître: elle avait 41 000 hab. en 1990, 50 700 en 1999. L’urbanisation a largement débordé de son territoire et l’essentiel de la croissance se fait à présent dans les communes voisines.

Son histoire se confond avec celle des débuts de la Guyane: le site rocheux de Cayenne, seul promontoire littoral du département, entre la rivière de Cayenne à l’ouest et l’estuaire du Mahury à l’est, fut celui du premier établissement français, résultat d’une patiente négociation avec le chef amérindien Galibi Cépérou. Le fort Cépérou y fut édifié en 1635, des marchands de Rouen vinrent s’installer en 1637 et la ville fut fondée en 1643. Elle ne comptait encore guère qu’un millier d’habitants vers 1800. Son nom est probablement dérivé de celui de la rivière, qui a lui-même une forme très voisine de celui du département: il semble qu’il vienne d’un mot amérindien désignant un plan d’eau, un estuaire.

La ville coloniale, au plan quadrillé, a été dessinée dans la première moitié du 19e siècle et fut étendue ensuite avec l’aide des bagnards; elle occupe environ 2 km O-E et 1 km N-S sur la plate-forme rocheuse. Plusieurs éminences accidentent le site: le mont de Montabo (64 m) sur la côte rocheuse au nord, les monts Lucas (83 m), Baduel (103 m) et la montagne du Tigre au sud-est (149 m), la montagne des Maringouins au sud, qui a été exploitée en carrières. Le centre-ville est à l’angle nord-ouest de la commune, derrière la côte rocheuse qui porte le fort Cépérou à la pointe Saint-François. La place des Palmistes, rectangulaire et orientée nord-sud, en est le site principal, bordée par les principales administrations (préfecture, trésorerie, conseil général) et le quartier militaire. Il en part un quadrillage de rues régulier dont les grands axes sont de direction OSO-ENE. Le canal Laussat limite le centre au sud, le cimetière et l’institut Pasteur (80 sal.) à l’est; ce dernier est à l’emplacement d’un ancien pénitencier.

Côté nord, la côte rocheuse offre les grandes anses et plages de l’Hôpital, Nadau, Méret, de Châton, entre les pointes rocheuses Saint-Joseph, des Amandiers, Buzaret et Châton. Toute une série de cités et villages entourent ce centre et s’étendent largement vers l’est en direction de Rémire-Montjoly, moins vers le sud, où est le centre hospitalier et où le marais Leblond limite la construction sur la rive droite de la rivière de Cayenne. Selon la topographie et les accès, se juxtaposent des lotissements résidentiels, des blocs d’immeubles récents, et de pauvres îlots d’habitat spontané. Les banlieues populaires sont surtout au sud. Une grande ex-«zone urbaine sensible» à statut de zone franche urbaine, dite Village Chinois-Quartiers Sud, englobe les parties en difficulté, au sud du centre et, plus à l’est au-delà du mont Baduel, trois périmètres annexes dont le grand ensemble du mont Lucas et des quartiers d’habitat dit spontané. Le Village Chinois est un secteur d’habitat très dense et insalubre juste au sud du centre-ville, entre le canal Laussat et le canal Leblond; son nom lui vient de ce qu’il avait accueilli à l’origine les anciens bagnards indochinois de la Guyane; il passe pour un quartier «chaud», volontiers surnommé Chicago; il a un marché aux poissons, des marchands indonésiens et quelques «clubs». La cité Eau Lisette, entre la crique de même nom et le centre hospitalier, est l’un des quartiers d’habitat spontané les plus connus, avec la montagne Baduel au sud-est.

Plus au sud, au pied de la modeste «montagne des Maringouins», a été aménagée la grande zone d’activités de Collery sur une centaine d’hectares, avec un hypermarché Cora, ouvert en 2005. De ce côté, la commune est limitée par une bande de terrains marécageux où a été creusé le canal de la crique Fouillée; v. Cayenne (Île de). Au-delà, on passe à Matoury. La faible superficie de la commune de Cayenne fait que les trois principales bases portuaires du chef-lieu, et d’ailleurs du département tout entier, sont en périphérie. Le port de pêche est au Larivot sur la rivière de Cayenne, dans la commune de Matoury. Matoury accueille aussi l’aéroport de Cayenne, tandis que le port de commerce et le port militaire sont au Dégrad des Cannes, à Rémire-Montjoly, sur l’autre estuaire.

Cayenne, lieu de naissance de Gaston Monnerville (1897-1991) et de Félix Éboué (1884-1944), concentre toutes les fonctions métropolitaines du département. Le centre s’orne de plusieurs sites et monuments classés, dont la cathédrale de 1823, à l’hypercentre, le fort Cépérou qui est un site inscrit, ainsi que la place des Palmistes. Il offre trois musées: le musée départemental Alexandre Franconie dans un immeuble des années 1830, construit par une famille de marchands, avec une bibliothèque; le musée des cultures guyanaises; la maison natale de Félix Éboué. Il est doté d’un observatoire des oiseaux en front de mer, d’un jardin botanique, de plusieurs plages.

Sur la côte nord-est, ont été délimitées les zones d’intérêt écologique (znieff) de la Côte Rocheuse-colline de Montabo (60 ha), et de la Côte Rocheuse-mont Bourda (49 ha); Montabo et Bourda, qui encadrent la grande anse de la plage de Montabo, figurent parmi les sites inscrits et sont sous l’autorité du Conservatoire du littoral pour 4 et 23 ha respectivement; le Conservatoire possède également le site de la pointe Buzaret. Le Conseil régional s’est installé à Bourda. Le centre hospitalier dispose de 530 lits, dont 330 médicaux, une centaine en psychiatrie, un établissement pour personnes âgées dépendantes. Cayenne a aussi un institut médico-éducatif départemental (80 places), l’hôpital privé Saint-Gabriel (110 sal.) et trois cliniques privées: Saint-Paul au sud (110 sal., 95 lits, et centre de soins de suite et réadaptation de l’Anse Colas, à une congrégation), les Hibiscus sur la rocade de Montabo, Véronique (groupe Kapa) vers Baduel. L’Ébène est une association qui offre un centre d’aide par le travail (ESAT), une maison de retraite, une maison d’accueil spécialisée, des soins et soutiens à domicile; Cayenne a, en tout, quatre maisons de retraite.

La ville a trois lycées publics (3 600 élèves) et trois privés (700 élèves), 5 collèges publics (4 300 élèves) et un privé. Elle héberge une antenne de l’université des Antilles-Guyane et plusieurs centres de recherche. Le Pôle universitaire guyanais a quitté le campus Saint-Denis pour un nouveau campus du Trou Biran au nord-est de la ville, non loin de la plage de Montabo. Le Pôle, qui affiche 2 300 étudiants, comprend à Cayenne deux unités principales, l’UER de médecine et l’IESG (Institut d’enseignement supérieur de la Guyane) qui assure deux licences scientifiques et cinq en lettres, langues et musique, une en droit, une en administration économique et financière, ainsi que trois licences professionnelles scientifiques (environnement, télécommunications, construction), quatre masters (droit privé, portugais, économie du développement, ressources en milieu intertropical). L’UER de médecine couvre cinq diplômes d’études supérieures et six diplômes d’université. Le Pôle propose aussi une ESPE (formation de professeurs des écoles, ex-IUFM) et un Institut universitaire de formation continue pour adultes (IUFC). Cayenne abrite en outre un Institut régional de développement du travail social (IRDTS), qui forme des travailleurs sociaux. À Montabo, l’IRD (Institut de recherche pour le développement) dispose d’un laboratoire et d’une station de réception des satellites Spot et Envisat sous le nom de SEAS-Guyane (Surveillance de l’environnement amazonien par satellite).

La ville a de très nombreuses entreprises de service, de commerce et quelques-unes de construction et de fabrications, mais presque toutes emploient moins de 15 salariés. Se distinguent: Électricité de France (260 sal.) et la banque BNP (140 sal.), l’hypermarché Système U (95 sal.), le négoce de tabac Sainte-Claire (50 sal.), l’immobilière Siguy (100 sal.), le laboratoire d’analyses Eurofins (60 sal.), l’hôtellerie SEHTG (85 sal.); Orange (80 sal.), La Poste (360 sal.); travaux publics Eiffage (410 sal.) et Ribal (100 sal.), récupération de plastiques GCC (65 sal.); nettoyages Sodexnet (200 sal.), et Netibis (85 sal.); plantations Clauzel (50 sal.); intérim Job Guyane (195 sal.), Tempo (140 sal.), Outremer Intérim (120 sal.), Fiderim (110 sal.). Cayenne abrite également un régiment d’infanterie de marine (9e RIMA) et l’état-major de l’armée en Guyane, plus le 3e RSMA (service militaire adapté). L’arrondissement de Cayenne a 14 communes, 188 800 hab. (2023).


Macouria

(19 250 hab., 37 750 ha) est une commune du littoral de la Guyane, dans la CA du Centre Littoral. Le bourg, nommé Tonate, est à 28 km au NO de Cayenne sur la N1; il dispose d’un centre de santé départemental, d’écoles et d’un collège (460 élèves). À l’ouest, près de la limite de la commune de Kourou, le lycée agricole de Matiti a environ 200 élèves, avec internat. Il dispose d’un domaine de 157 ha non loin des aménagements agricoles de la savane Wayabo et il est accompagné d’un centre de formation professionnelle d’adultes.

La commune, située entre les deux principaux pôles guyanais et sur la route principale qui les relie, est l’une des plus actives dans l’agriculture. Le périmètre de Préfontaine y a été aménagé avec les crédits européens (Leader+); elle a des vergers et des élevages avicoles, une aquaculture, une ferme IRFA (Institut régional de formation d’adultes) plus un centre équestre et un hippodrome. Elle inclut aussi au sud-est le site de la Coopérative agricole de la Carapa, non loin de Montsinéry, où s’est installée la Solam (Société laitière de Macouria), seule laiterie de Guyane, qui emploie une quarantaine de personnes et fabrique des yaourts sous la franchise Yoplait, ainsi que des jus de fruits.

Macouria est aussi devenue un lieu de résidence pour les travailleurs de Cayenne et de Kourou, assurant le lien entre les deux villes. La commune, l’une des moins étendues de Guyane, s’étend peu vers l’intérieur mais dispose de 32 km de littoral, entre Cayenne et Kourou; elle contient la pointe Macouria, au débouché de la rivière de Cayenne sur la rive gauche, face au port du Larivot. La N4 franchit l’estuaire par un grand pont de 1 300 m de long, puis traverse le pripri de Soula. Une zone d’activités de 40 ha a été équipée vers Soula. Soula et Sablance ne sont guère qu’à une quinzaine de kilomètres des lieux d’emploi de Cayenne et de Matoury. De l’autre côté de la N1 près de la côte, s’est installée la grande zone d’habitat de Sablance, qui contient un bon millier de constructions spontanées. La commune serait la deuxième de Guyane pour le nombre de constructions illicites, après Matoury: leur nombre était évalué à 1 200 en 2003 (4 000 hab.).

Outre ses logements, Macouria offre quelques éléments d’attraction pour la population des villes: zoo (réserve animale des mornes de Macouria à la limite de Montsinéry), jardin d’orchidées Ionopsis (ou jardin du bois de rose), village amérindien (palikour) Kamuyene, aérodrome privé et base ULM, cultures et ventes de légumes et de fruits, notamment d’ananas. Dans les entreprises se signalent les charpentes CBE (30 sal.), la laiterie Solamet (50 sal.), les travaux publics STRG (30 sal.) les transports Brival (20 sal.) et YGMY (20 sal.), les constructions Safor (20 sal.) et TSV (25 sal.).

La commune contient plusieurs petites zones d’intérêt écologique (znieff): marais de la crique Macouria (5 401 ha) qui traverse le territoire communal à l’ouest de Tonate, pripri Maillard (614 ha), savane Malmaison (254 ha) et savane-roche Malmaison (1 ha) juste au sud-est du bourg, savane Onémark (519 ha) un peu plus au sud vers la Carapa. Macouria avait 5 100 hab. en 1999, 2 100 en 1990, 490 en 1975: la progression est très rapide.


Matoury

(34 670 hab., 13 719 ha) est une commune de Guyane juste au sud-ouest de Cayenne, dans la CA du Centre Littoral. Le premier peuplement fixe y remonte à 1656; la commune a été créée en 1891, après un projet de 1879 prévoyant la création d’une commune nommée Île-de-Cayenne-Tour-de-l’Isle. Elle avait 10 200 hab. en 1990, 18 000 en 1999 et sa croissance récente est donc très rapide: elle a presque doublé depuis. Son territoire, qui touche à l’océan à l’embouchure de la rivière de Cayenne au nord, est limité à l’est par le Mahury, au sud et à l’ouest par le «Tour de l’Île» de Cayenne, au nord-ouest par la rivière de Cayenne, et au nord-est par le canal de la crique Fouillée. Il compte plusieurs sommets, dont le Grand Matoury à 234 m, d’où l’on bénéficie de larges vues. On y visite quelques sites historiques, comme le fort Trio à l’extrême nord-est, ou l’habitation Macaye-Duchassis, les restes de l’ancienne rhumerie Lamirande, l’arboretum de l’Égyptienne un peu au sud.

La commune a été le premier vrai centre agricole de la Guyane et conserve des cultures, dont des pépinières horticoles, ainsi qu’une petite usine de transformation de fruits (Expert). Une colonie de Martiniquais s’y est installée en 1952, à des fins également agricoles. D’assez vastes surfaces, surtout sur les pentes des collines, sont occupées par l’habitat spontané et des terrains cultivés assez désordonnés. Au nord-ouest sur l’estuaire de la rivière de Cayenne, le port de pêche de Larivot occupe 250 marins et 200 salariés des ateliers de transformation. On y décharge quelque 4 000 t de crevettes par an (soit le quota accordé) et 1 100 t de vivaneau (pêché par des Vénézuéliens); ses recettes en font le 3e ou 4e port de pêche français et il assure un tiers des exportations guyanaises en valeur.

Matoury est néanmoins surtout une commune résidentielle, mais où les surfaces d’entrepôts, commerces et ateliers s’étendent, surtout de part et d’autre de la route de Cayenne. La commune accueille trois collèges (2 000 élèves) et un lycée professionnel, plus un centre d’éducation renforcé (réparation pénale) et le palais régional omnisports, plus un centre d’ULM. Un point fort est l’aéroport de Rochambeau devenu Cayenne-Félix Éboué (CAY et SOCA, 04°49’11 N, 52°21’43 W) qui, équipé d’une piste bitumée de 3 200 m, dessert Cayenne, a vu passer 559 000 passagers en 2019 (488 000 en 2022) dont 25 000 en vols internationaux (1 700 en 2022) plus 5 000 t de fret et a reçu une nouvelle aérogare; il enregistre 10 000 mouvements d’avions par an, dont la moitié commerciaux. Outre Paris (Air-France), des liaisons régulières internes sont assurées avec Maripasoula, Saint-Georges et Saül (Air Guyane, environ 60 000 passagers par an), d’autres liaisons régulières avec Fort-de-France et Pointe-à-Pitre (Air France et Air Caraïbes), et une ligne a même été établie avec Macapa, Fortaleza et Belém au Brésil (compagnie TAF); les autres liaisons internationales sont avec Miami et Haïti (Air-France). Air-France y a une centaine d’employés, la société de nettoyage Guyanet 120.

L’aéroport est également utilisé comme base aérienne (BA 367) de l’armée de l’air, dont l’effectif est d’environ 120 personnes et qui dispose d’un escadron d’hélicoptères. Une «plate-forme logistique régionale» a été ouverte à l’extrémité orientale de l’aéroport, le centre commercial Makoupy a été aménagé plus au nord du centre-ville, qui est à 10 km de Cayenne, tandis que les principaux lotissements et les zones d’habitat spontané, dont celles de Balata, la Cotonnière et Cogneau-Lamirande sont au nord de la commune, plus près de la capitale. Matoury est la principale commune de Guyane pour les constructions illicites: environ 2 000, où vivent au moins 7 000 personnes. Se distinguent dans l’emploi les gardiennages Rangers (350 sal.), Capital Sécurité (65 sal.); les nettoyages Amazonienne de Propreté (140 sal.), La Guyanaise de Propreté (100 sal.) et Guyanet (65 sal.); La Poste (60 sal.), Air Guyane (85 sal.), Air France (95 sal.), Air Caraïbes (25 sal.), EDF (40 sal.), un hypermarché Ficobam, les constructions GETRA (100 sal.) et GBG (50 sal.).

L’habitat se disperse davantage vers le sud, surtout le long de la route D6 vers Roura, jusqu’au hameau de Stoupan près de la diffluence de la Mahury et du Tour de l’Île, juste avant le grand pont sur la Mahury. Vers l’ouest, où la commune est bordée par les marais forestiers de la rive droite de la Cayenne, les zones d’intérêt écologique (znieff) du mont Grand-Matoury (2 220 ha) et du lac des Américains (408 ha), sur cuirasses latéritiques, font l’objet d’un arrêté de protection de biotope.


Montsinéry-Tonnegrande

(3 160 hab., 60 000 ha) est une commune de Guyane au SO de Cayenne dans la CA du Centre Littoral. En nette croissance mais partie de peu, elle a eu 1 000 hab. en 1999, 500 en 1990. Le nom a été inversé en 1969, Tonnegrande, village plus ancien au SE, ayant été dépassé par la croissance de Montsinéry au nord. Son territoire, qui mesure près de 30 km sur 30, fait partie de l’anneau externe du périurbain cayennais. Plus de la moitié de l’étendue, au sud-ouest, est dans la forêt vide, le centre est à une cinquantaine de kilomètres de celui de la capitale, 18 km au sud de Tonate. Tonnegrande est un autre village à 9 km SE de Montsinéry à vol d’oiseau, mais 22 km par la route, sur la rive gauche de la rivière de Cayenne. On visite dans la commune un jardin tropical; les ruines d’un ancien bagne pour Annamites, datant de 1930 et fermé en 1945 après avoir accueilli des condamnés indochinois, forment un site inscrit près de la crique Anguille, un peu au sud du hameau de Patawa. L’équipement général est d’assez bon niveau, avec écoles et dispensaire. La commune abrite les installations de télédiffusion de TDF.

Le territoire communal réunit plusieurs bassins fluviaux distincts mais convergents. À l’extrémité nord-est, la rivière de Montsinéry et la rivière de Cayenne se réunissent dans l’estuaire que borde à droite, mais hors de la commune, le port de pêche de Larivot. La rivière de Montsinéry, très large en aval du village de ce nom, est alimentée au sud, rive droite, par la rivière Grand Mapéribo, au nord et un peu en amont par la Grenouillère qui vient de Carapa, et surtout la rivière Timouthou qui vient du nord.

Le territoire drainé par ces cours d’eau peut se diviser en trois parties principales. Au nord, Montsinéry est un village des savanes, entouré de clairières cultivées, dont la plus étendue est celle de la savane Toulouse et du hameau de Risquetout. Au nord-est, le territoire communal englobe les savanes Onémark et Marivat. Plus au sud et surtout à l’est, de moindres clairières alternent avec des forêts, des marais et les bras fluviaux, dans un espace assez varié qui va jusqu’à la rivière du Tour de l’Île, au-delà des savanes de Cavalet. Tonnegrande y est le principal village; il est isolé sur la rive gauche de la rivière de Tonnegrande, à l’extrémité d’une route (D12) de 6 km qui se branche à l’ouest sur la route D5. Celle-ci, nommée aussi route du Galion, vient de Matoury, longe à l’est l’ancien aérodrome du Galion, franchit la rivière des Cascades au pont des Cascades et celle de Tonnegrande au pont Inini, dessert les hameaux de Patawa, Coco et Banane, passe à 3,5 km de Montsinéry qui s’y branche par la D14, et file ensuite au nord vers Tonate où elle rejoint la N1.

Au-delà de la route du Galion vers l’ouest et le sud, s’étend le domaine de la grande forêt, inhabitée. Une piste forestière dite route Nancibo, qui suit l’interfluve entre le bassin de la rivière de Cayenne au nord et celui de la rivière Comté-Mahury au sud, marque la limite méridionale de la commune. Au nord-ouest, la route du saut Léodate, qui se branche sur la route du Galion à Risquetout, court sur 36 km vers le sud-ouest jusque dans la partie méridionale de la commune de Kourou, et accompagne à peu près aussi la limite communale. Une zone d’intérêt écologique (znieff) de la rivière des Cascades a été délimitée sur 7 590 ha au sud.


Rémire-Montjoly

(26 130 hab. , 4 611 ha) est une commune de Guyane juste au sud-est de Cayenne. (CA du Centre Littoral). Le centre de Rémire est environ à 6 km SE de celui de Cayenne. Le nom de la commune était simplement Rémire avant 1969. La commune a eu 11 700 hab. en 1990, 15 600 en 1999.

Le bourg de Rémire est dans les terres basses au centre de la commune. Montjoly, site résidentiel, est un peu au nord de Rémire sur le littoral rocheux; sa première fonction, en 1902, fut de recevoir des Martiniquais affectés par l’éruption de la Montagne Pelée. Une longue plage va du mont Bourda au nord-ouest à l’ancien îlot rocheux de Montjoly, qui forme un petit cap dominant au sud-est l’anse de Rémire. À l’est, les hauteurs rocheuses de la pointe du Diamant dominent l’estuaire du Mahury et plusieurs petites plages; on y découvre des roches gravées; le fort Diamant, qui date de 1849, est classé et géré par le département; la plage de Montravel est très appréciée et sert de base de loisirs, avec école de voile.

Le relief de la commune est accidenté à l’est, au-dessus de l’estuaire, par le petit massif de la montagne du Mahury, qui monte à 172 m; une grande zone d’intérêt écologique (znieff) l’englobe et le plateau du Mahury est un site inscrit où le Conservatoire du littoral détient 140 ha; il abrite l’usine de traitement de déchets de la Rorota. Au sud-ouest, la commune est limitée par les marais que drainent le canal de la crique Fouillée et le canal Beauregard. À l’ouest, se dresse la butte du mont Cabassou (159 m).

Au bord de l’estuaire au sud de Rémire, le Dégrad des Cannes est le site du port maritime de Cayenne, qui importe 820 000 t/an, dont 270000 d’hydrocarbures, 60 000 EVP de conteneurs, plus de 200 escales (2019); il n’en exporte que 40 000. EDF produit de l’électricité dans une centrale thermique (72 MW) et une turbine à combustible (42 MW). Un parc d’activités de 226 ha s’y est installé et rassemble les principaux entrepôts et ateliers de l’agglomération cayennaise. Le port abrite aussi la base navale de Guyane, qui dispose de deux vedettes et de deux patrouilleurs de surveillance des côtes, et de 180 militaires.

La commune abrite deux collèges publics et un privé, et un lycée général public (750 élèves), un logement-foyer pour personnes âgées, un institut médico-éducatif associatif pour enfants autistes, un institut médico-éducatif départemental. Vers le centre de la commune, près du morne Coco, des quartiers d’habitat dit spontané (BP 134, Âmes Claires, chemin Tarzan) font l’objet d’un contrat de cohésion sociale. Les principales entreprises sont France Télévisions (180 sal.), EDF (110 sal.), les activités hospitalières Rainbow (100 sal.); compagnie minière Auplata (AMG, 70 sal.) et les orpaillages CEMCI (45 sal.) et CGM (30 sal.), les constructions Sefitec (35 sal.); charpente et couverture CBCI (35 sal.), finitions de bâtiment Sobat (25 sal.), cimenterie Argos (Cigu, 25 sal.); bois Patoz (25 sal.), supermarchés Carrefour (40 et 30 sal.) et Leader Price (25 sal.), la comptabilité ADC (20 sal.), aide à domicile Thanat (25 sal.), transports SIFA (CTS, 40 sal.), Bolloré (30 sal.), TSO SGTL (30 sal.), entreposage SARA (25 sal.), conditionnement MDI (30 sal.), manutention portuaire CMA CGM (45 sal.) to COGIT (50 sal.), réseaux Sogea (50 sal.) et MMTP (25 sal.); intérim Ergos (140 sal.), Inter-Hôtel la Marinière (30 sal. ).

Rémire a un atelier de conditionnement d’œufs et conserve des traces d’anciens domaines agricoles, dont le plus connu est l’habitation Vidal, établie au 18e siècle et qui fut au début du 19e siècle la plus vaste de Guyane, employant jusqu’à 300 esclaves, avec une sucrerie et la première machine à vapeur de la colonie, installée en 1822; mais elle a commencé à décliner en 1837 et a été abandonnée en 1880; une partie des ruines est en cours de restauration et sous protection publique (site inscrit sur 1 050 ha). La commune comprend de petites zones d’intérêt écologique (znieff) de la lagune et de la plage de Montjoly (89 ha), de la Côte rocheuse et colline de Montravel (16 ha, site inscrit); les salines de Montjoly (15 ha) sont sous l’autorité du Conservatoire du littoral.

À 6 km en mer à l’est de l’embouchure, les îlets de Rémire forment un petit archipel où l’on s’est plu à nommer les principaux îlots le Père, la Mère, l’Enfant Perdu, Malingre et les Mamelles. Ils sont inhabités mais la Mère logea jadis des déportés et eut une ferme; l’institut Pasteur a contribué à les repeupler en singes. Le Conservatoire du littoral y détient 41 ha et le site est inscrit pour 110 ha.


Roura

(3 490 hab., 390 250 ha) est une commune de Guyane, au sud de Cayenne dans la CA du Centre Littoral. La commune englobe tout le bassin de la Comté-Mahury et s’étend au SO jusqu’à 100 km du littoral, qu’elle atteint au nord sur 7 km entre l’estuaire du Mahury et celui de la rivière de Kaw (pointe Akoupa), dans un large marécage. Sa limite méridionale s’appuie sur les montagnes Tortue (477 m) et les montagnes Balenfois (482 m), au contact du territoire de Régina. Plusieurs petits hameaux sont au bord de la Comté, le plus connu étant Bélizon, où aboutit une piste venant de la route nationale 2, et d’où part une piste plus aventureuse en direction de Saül au SO. Mais la plupart des habitants et les quelques cultures se cantonnent au NE, aux abords de la route N2.

Au bord de la Comté, le village de Cacao eut jadis des bagnards (1854-1859); on y a installé en 1977, sur 200 ha, quelque 500 réfugiés Hmong, qui ont fait merveille dans les cultures maraîchères et les fleurs et sont très présents sur les marchés de Cayenne; ils ont fondé la Coopérative horticole de Guyane, qui a son siège au village, et pratiquent aussi la pisciculture de carpes associée à la culture du riz. Une petite route de 13 km relie Cacao à la route nationale et le village a la réputation d’être le plus visité de Guyane; l’école publique y a un site actif (v. http://ecoledecacao.free.fr) et un petit musée local, le Planeur Bleu, a été aménagé, ainsi qu’un centre de santé départemental; scierie BSG (25 sal.).

Roura fut le lieu de la première ruée vers l’or consécutive aux découvertes de 1854. Dans le bassin de l’Orapu, affluent de la Comté, des exploitations aurifères se sont plus ou moins bien maintenues des deux côtés de la rivière et de la D2 (Boulanger, Changement); elles semblent à l’origine de pollutions observées sur le fleuve. Roura reste un site d’extraction et de prospection. La Compagnie minière de Boulanger y a une série de concessions de 79 km2 autour de son site originel près de Cacao. La Compagnie de Sikini 20 km2 (Kounamary, à l’est, en partie sur le territoire de Régina). La Société des mines de Bourneix, qui porte le nom d’un village du Limousin et qui est une filiale d’Areva, dispose de 134 km2 en quatre permis au sud-est de Boulanger (Changement, Maripa, crique Véoux) près de l’Orapu.

Au NE, la crête de la montagne de Kaw, dite ici montagne Trésor, domine les marais littoraux; une route (D 6) la longe, et donne accès au placer Grand Caïman et à l’ancien placer Trésor, devenu une réserve naturelle privée sous l’égide de l’université d’Utrecht et d’investisseurs néerlandais (Fondation Trésor, 2 464 ha), avec une Maison d’accueil, d’enseignement et de recherche. Un peu en aval, on accède aussi aux chutes Fourgassié, sur l’Orapu, 15 km au sud de Roura à vol d’oiseau. Des réfugiés haïtiens ont formé un village à Fourgassié. L’ancienne plantation Favard, sur la rive droite de l’Oyak juste en aval du confluent des rivières Comté et Orapu, est devenue le site d’un village d’Indiens Palicou (ou Palikour), parfois nommé village Wayam.

Le site aurifère de Grand Caïman, objet d’un permis de 51 km2 détenu par la compagnie canadienne IamGold après être passé d’Asarco (compagnie mexico-états-unienne) à la canadienne Cambior (CBJ), y a été l’objet d’une forte polémique et l’exploitation est actuellement fermée. La mine n’est pas dans les zones écologiques préservées, mais tout près, et la crainte des pollutions a entraîné de vives protestations, au point que le gouvernement français a interdit en janvier 2008 l’exploitation d’un permis qu’il avait pourtant confirmé peu avant. La même compagnie, sous le nom de sa filiale CBJ, a également trois permis (62 km2) du côté de l’Orapu.

La bourgade principale, Roura, n’est pas sur la route nationale, qui passe à l’ouest de la petite montagne des Serpents, mais sur la D6 au bord du fleuve, devenu localement l’Oyak, 27 km au sud de Cayenne. Le bourg est un site inscrit de 34 ha; il a un collège privé, un centre de santé départemental. Le pont sur la Mahury, qui donne un accès direct à Cayenne, ne date que des années 1990. Aux abords même de Roura vers l’est, Dacca est un village où ont été installés des immigrants lao. Vers l’est, le site de la crique Gabrielle, affluent du Mahury, à la végétation particulièrement luxuriante où la rivière coule en galerie de verdure, est très apprécié; son nom est partout écrit Gabrielle, mais il semble que ce devrait être Gabriel car le nom serait celui d’un esclave qui s’y noya lors de son évasion. Une piste mène de la D6 au hameau d’Eskol sur la crique Gabrielle, dans une zone de cultures d’abattis en plaine.

Les environs de Roura ont encore un aspect quelque peu pionnier; de nombreuses transactions foncières s’y négocient en l’absence de plan d’occupation des sols. Deux stations de traitement de déchets ont été ouvertes sur la crique Roura et sur la rive gauche de la Comté au passage de la D2. La plus grande partie du nord de la commune, la plus peuplée, forme pourtant le Pôle Est du Parc naturel régional de Guyane, sur 87 460 ha. Vers le nord, sur la rive droite de l’estuaire du Mahury sont des traces d’un ancien polder Marianne. Au nord-est du bourg, a été reconnue la vaste zone d’intérêt écologique (znieff) de la plaine de Kaw (121 998 ha), et au sud-est celle de la montagne de Kaw-Roura, à cuirasses latéritiques (38 233 ha), toutes deux partagées avec Régina. Une réserve naturelle des marais de Kaw-Roura a été définie sur 94 700 ha. Vers le sud, ont été définies deux petites zones d’intérêt écologique (znieff) de la montagne Cacao (2 931 ha) et de la montagne Maripa (7 434 ha), toutes deux à cuirasses sommitales de latérite. À l’extrême sud, la commune participe à la réserve des Nouragues. La population communale a progressé rapidement: elle était de 1 300 hab. en 1990, 1 800 en 1999.