Communauté d’agglomération Intercommunale du Nord de la Réunion (CINOR)

Nord de la Réunion (communauté d’agglomération du)

ou CINOR, groupement intercommunal de la Réunion, associant 3 communes et 211 900 hab. sur 28 780 ha. Les communes sont Saint-Denis (siège), Sainte-Marie et Sainte-Suzanne.


Saint-Denis

(154 460 Dionysiens, 14 279 ha) est la préfecture de la Réunion, à l’extrême nord de l’île, dans la CA CINOR, et la première ville de l’Outre-mer français par sa population. Celle-ci poursuit sa croissance: elle était de 122 900 hab. en 1990, 132 600 en 1999. La commune s’étend sur 15 km d’un littoral assez bas vers l’est mais de plus en plus accidenté vers l’ouest, entre la rivière des Pluies et la ravine de la Grande Chaloupe. Elle monte vers le sud sur 15 km jusqu’au sommet de la Roche Écrite (2 277 m), qui domine les deux cirques de Mafate et de Salazie et que l’on atteint par le GR R2 à travers la forêt, qui occupe encore la moitié du territoire communal, au-delà de 400 m et dans les fonds de ravines. La réserve naturelle de la Roche Écrite s’y étend depuis 1999 sur 3 635 ha à travers les plaines d’Affouches et des Chicots et sur les Hauts de la Montagne. L’habitat grimpe sur les interfluves, le long de routes sinueuses, formant autant de banlieues comme la Montagne, Bellepierre, le Brûlé, Saint-François, Bois-de-Nèfles, la Bretagne, etc.

La ville occupe le promontoire de la pointe des Jardins, le plus septentrional de l’île, à partir duquel a été tracé en 1770 par le géomètre Gustave Banks, arpenteur du roi, son quadrillage impeccable de ville nouvelle. L’axe principal NNO-SSE est souligné par la rue de Paris qui est la plus active, et par ses parallèles plus orientales Jean Chatel, Juliette Dodu et Jules Auber. La promenade du Barachois, en front de mer, en est l’élément le plus connu, bordé par l’ancien bâtiment colonial de la Préfecture et où ont pris place aussi la Maison de la Montagne, des administrations dans une ancienne caserne d’artillerie et, depuis 1976, le casino (indépendant).

Au sud, ce plan en damier s’arrête au parc du Jardin de l’État, qui abrite le riche muséum d’histoire naturelle. La ville propose plusieurs autres musées comme l’Artothèque et le musée d’art Léon Dierx, un théâtre, un parc zoologique, le grand et le petit marché, une grande mosquée des environs de 1900 et un temple tamoul de 1956, temples chinois, de nombreuses et intéressantes maisons créoles; parc des Expositions et palais des Congrès; jardin exotique de Cendrillon sur les hauteurs, zone de loisirs du Colorado en hauteur, au-dessus de la Montagne.

Le tissu urbain a largement débordé le site colonial originel, qui reste celui du centre-ville des magasins et des bureaux et agences, pour occuper toute la plaine littorale côté oriental, à Sainte-Cécile, jusqu’au Chaudron, qui a reçu une zone industrielle, et à la Rivière des Pluies qui marque la limite de Sainte-Marie. Au SE s’étend le grand quartier de la Bretagne, au SSE sont ceux de Moufia et du Bois des Nèfles, au sud Saint-François, au SSO ceux de Bellepierre et du Brûlé. Vers l’ouest, le quartier de la Redoute sur la rive gauche de la rivière Saint-Denis a reçu des installations militaires, le Champ de Mars et le champ de courses, le stade, mais il est resserré entre le petit fleuve et les escarpements de la Montagne, envahis de lotissements dispersés. En raison du relief, l’expansion de l’urbanisation ne pouvait être que dissymétrique.

La ville possède une université, autonome depuis 1982, qui enregistre 16 000 étudiants, dont plus de 10 000 à Saint-Denis, les autres au Tampon et à Saint-Pierre. Elle rassemble quatre facultés dont trois à Saint-Denis: droit et économie avec 3 800 étudiants, lettres et sciences humaines (4 300 étudiants), sciences et technologies (1 800 étudiants), un IUT (à Saint-Pierre, 300 étudiants) et un Institut d’administration des entreprises (à Saint-Denis), et elle est servie par plus de 600 enseignants et techniciens. La première «grande école» de la Réunion a ouvert en septembre 2006 sous le nom d’ESIDAI (École supérieure d’ingénieurs en développement agro-alimentaire intégré), devenue ensuite ESIROI, École supérieure d’ingénieurs Réunion Océan Indien, transférée à Saint-Pierre. La Chambre de commerce et le groupe privé Supinfo de Paris ont créé une école Supinfo d’ingénieurs en informatique. Le Centre météorologique de Saint-Denis est chargé du suivi des cyclones dans tout l’Océan Indien.

Saint-Denis a aussi une douzaine de collèges publics et un privé, y compris dans les banlieues (Montagne, Bretagne, Bois-Nèfles, etc.); sept lycées publics et deux privés, dont trois groupés dans la grande cité scolaire du Butor à Sainte-Clotilde. Elle est dotée d’un centre hospitalier universitaire et régional de 560 lits, de trois cliniques dont un hôpital d’enfants. Elle a aussi une cour d’appel, un tribunal de grande instance et une maison d’arrêt; et bien entendu les hôtels du département (en ville) et de la région (à Sainte-Clotilde). La ville accueille le 4e RSMA (Régiment du service militaire adapté), qui compte 900 personnes mais sur quatre sites, les trois autres étant à Saint-Pierre, Hell-Bourg (Salazie) et Bourg-Murat (Le Tampon). Une base aérienne 181 est à Sainte-Clotilde, employant 280 personnes.

Saint-Denis compte presque la moitié des entreprises industrielles de l’île, un tiers des autres entreprises. Elle a plus d’emplois que d’habitants occupés (65 000 pour 45 000) car elle attire des travailleurs extérieurs, et son taux de chômage est moins élevé que celui des villes plus périphériques (28%). La population est jeune, quoiqu’un peu moins que la moyenne de l’île en raison de l’abondance des adultes occupés: un tiers des habitants ont moins de 20 ans (36% à la Réunion); seulement 10% ont plus de 60 ans.

Parmi les principaux employeurs sont une clinique et un centre de rééducation Sainte-Clotilde (650 et 130 sal.), les cliniques Les Orchidées (180 sal.) et Saint-Vincent (130 sal.). La principale industrie est la brasserie Bourbon (140 sal.). Dans le tertiaire, hypermarchés Soredeco (Carrefour, 260 sal.), Maké (Run Market, 150 sal.), E.Leclerc (120 sal.); banques BFCOI (250 sal.), BNP (110 sal.), assurances Prudence Créole (130 sal.); gestion immobilière SAHLMR (130 sal.); aide à domicile Scopad (750 sal.) et Miedaou (120 sal.); transport de fonds Brinks (260 sal.), transports urbains Sodiparc (310 sal.), transports aériens Air Austral (460 sal.), gardiennage Réunion Air Sûreté (250 sal.); France Télévisions (210 sal.), télécommunications Orange (370 sal.) et SRR (140 sal.); nettoyages ABN (250 sal.) et SAM (250 sal.); services des eaux Reuneo (270 sal.), Cisse (130 sal.) et Veolia (130 sal.); EDF (260 sal.), La Poste (380 et 360 sal.).

Pas moins de quatre ensembles de quartiers sont l’objet de traitement sociaux; deux sont classés prioritaires: Camélias-Vauban au sud-est du centre-ville, Commune Prima et Domenjod sur la rive gauche de la Rivière des Pluies à l’est; deux autres sont en «zone de rénovation urbaine»: la Source et Bellepierre au sud-ouest du centre-ville, le Chaudron, Moufia, Cerf et Sainte-Clotilde à l’est. Un Parc technologique de 40 ha a été conçu pour recevoir 150 entreprises innovantes et 1 200 à 1 500 emplois.

C’est au gouverneur Étienne Regnault que Saint-Denis doit sa fondation et son nom, qui était celui d’un bateau de la Compagnie des Indes parvenu sur place en 1667; c’est à lui aussi que Saint-Denis doit d’avoir succédé à Saint-Paul, en 1669, comme principale escale de l’île: on quittait certes les abris de la côte sous le Vent, mais le mouillage était réputé meilleur, et surtout le plus proche de l’île de France (Maurice) qui était alors la colonie privilégiée. En 1738, Mahé de Labourdonnais se contentera d’officialiser ce choix en faisant de Saint-Denis le chef-lieu proclamé de la colonie. Néanmoins, le port de commerce de l’île est resté sur la côte sous le Vent, au Port, précisément.

À la Grande-Chaloupe, à l’extrémité occidentale de la commune à la limite de celle de La Possession, un musée et un bout de voie commémorent l’ancien chemin de fer de la Réunion. Une branche partant de Saint-Denis suivait la côte jusqu’à Saint-Benoît sur environ 50 km, une autre allait jusqu’à Saint-Paul sur 80 km avant d’être prolongée jusqu’à Saint-Pierre. La première fut mise en service en 1881; les voies ont été abandonnées entre 1957 et 1976, en raison de l’ouverture de la route de corniche. L’aviateur Roland Garros (1888-1918) est né à Saint-Denis, ce pourquoi l’aéroport de la ville porte son nom; mais il est dans la commune de Sainte-Marie.

L’arrondissement a 211 400 hab. et trois communes, soit nettement moins qu’en 1999 (238 200 hab.), car il a abandonné en 2006 les cantons du Port et de la Possession au profit de l’arrondissement de Saint-Paul.

Quatre nouveaux cantons portent le nom de Saint-Denis. Ils divisent la commune et elle seule (43 700, 32 500, 39 500 et 37 300 hab.).


Sainte-Marie

(34 770 Saint-Mariens, 8 721 ha) est une commune de la Réunion sur la côte du Vent, 10 km à l’est de Saint-Denis, dans la CA CINOR. Elle s’étend entre la ravine des Pluies, qui la sépare de Saint-Denis, et la ravine des Chèvres, vers Sainte-Suzanne. Ses 8 km de côte sont exposés au nord. L’aéroport de Saint-Denis, naguère de Gillot mais nommé Roland-Garros (codes RUN et FMEE), y a pris place côté ouest; équipé de deux pistes de 3 200 et 2 670 m, d’une aérogare pour passagers de 27 000 m2 et d’une aérogare de fret de 9 000 m2, il a enregistré en 2019 quelque 33 200 mouvements d’avions dont 13 000 commerciaux, 2 500 000 passagers (2 350 000 en 2022) et 29 000 t de fret, ce qui le classe au premier rang dans l’outre-mer français. Cinq compagnies assurent des liaisons régulières avec la métropole, Maurice, Madagascar, Mayotte, les Comores, Johannesbourg: Air Austral, Air France, Air Madagascar, Air Mauritius et Corsair.

Le bourg de Sainte-Marie est un peu à l’est, sur le rivage, et doté d’un petit port de plaisance, le troisième de l’île (440 places). La commune, plus résidentielle qu’industrielle, offre à peu près autant d’emplois (8 600) qu’elle a de personnes occupées. L’ensemble formé par les quartiers le Verger, la Découverte et les Gaspards, qui jouxtent le centre-ville, est classé en «zone de rénovation urbaine». Plaine et basses pentes sont très urbanisées aux abords de Saint-Denis dans les quartiers de Rivière des Pluies et de la Grande Montée, et l’habitat monte assez haut sur les pentes du Grand Moka, jusqu’aux hameaux de l’Espérance et de la Confiance., et au hameau de la Maison Martin qui, vers 1 100m; abonde en serres horticoles.

Le territoire communal a une largeur assez constante d’environ 7 km jusqu’à la crête qui domine le cirque de Salazie et qui s’élève à 1 802 m, à 12 ou 13 km du littoral. La forêt occupe les hauts dans la «plaine» des Fougères. Le peuplement de la commune est ancien, Sainte-Marie ayant servi d’espace agricole privilégié pour Saint-Denis; la culture de la canne à sucre y a été fondamentale et les distilleries y furent nombreuses. Avant son transfert à Paris en 1995, elle était le siège du groupe réunionnais Bourbon, qui possédait l’usine de Bois-Rouge mais s’est dégagé du sucre pour se concentrer sur la pêche, le transport maritime et la distribution sous la marque Vindémia — celle-ci acquise majoritairement par le groupe Casino en 2005.

Les principaux employeurs sont l’Aéroport Roland Garros (270 sal.), Air Austral (870 sal.) et la restauration Servair (160 sal.), les magasins Chisé Fnac (Vindemia, 210 sal.), Leroy-Merlin (120 sal.); centre d’appel AWP (275 sal.), télécommunications Orange (140 sal.); nettoyage ABC (280 sal.), services des ordures Nicollin (140 sal.) et Suez RV (100 sal.). La commune abrite trois collèges et trois lycées publics dont deux professionnels, le second complexe de salles de cinéma de l’île après Saint-Paul, un dispensaire, une médiathèque, un beau temple tamoul. La population communale croît: elle était de 20 300 hab. en 1990, 26 800 en 1999.

Le nouveau canton de Sainte-Marie contient la seule commune de Sainte-Marie.


Sainte-Suzanne

(24 330 Saint-Suzanniens, 5 784 ha) est une commune de la Réunion sur la côte du Vent, 18 km à l’est de Saint-Denis, dans la CA CINOR. Le bourg est au bord de la plage, relayé à l’est par le faubourg de la Marine, au SO par celui des Jacques Bel-Air. Le territoire communal se tient entre la ravine des Chèvres et la rivière Saint-Jean, ce qui lui donne 6 km de littoral. Il s’enfonce assez peu vers l’intérieur (13 km) mais y atteint la crête du cirque de Salazie, à 1 765 m, et la forêt couvre un tiers de son territoire. Plusieurs hameaux s’éparpillent sur les basses pentes: Bagatelle à l’ouest, Bras Pistolet, Deux Rives et la Rue Marchande au sud, Commune Carron et Commune Ango au centre; et surtout, à l’est, à la limite de Bras-Panon, le Quartier Français qui accueillit en 1646 les mutins déplacés de Fort-Dauphin. Son nom a été repris par le plus puissant groupe sucrier de la France d’outre-mer; mais la sucrerie locale a fermé en 1982.

Le groupe Quartier Français (GQF) s’affiche comme le premier producteur «européen» de sucre de canne. Né en 1923 de la sucrerie locale (fermée en 1982), vendue par la famille de planteurs de Kerveguen à des acheteurs mauriciens, il a pu acquérir la principale usine de la Réunion, celle du Gol (Saint-Louis) en 1992, et a pris 39% dans celle de Bois-Rouge (Bras-Panon, propriété du groupe Tereos ex-Union SDA, à partir de l’ancien groupe Bourbon) plus récemment. Il possède les distilleries de la Rivière du Mât et de Savanna et a créé ou acquis différentes filiales (transport de canne à partir de l’ancienne sucrerie de Beaufonds, chocolaterie et dérivés du sucre Mascarin, rhum Duquesne, Bourbon-Plastiques, fournitures pour bâtiment Soremir, filiales de transport à Nantes, etc.). Il emploie directement un millier de personnes, dont une partie à la Martinique, et participe à un consortium sucrier en Tanzanie.

La commune n’offre que 3 000 emplois alors que près de 5 000 de ses habitants travaillent, en bonne partie à l’extérieur, et que 3 500 habitants en âge de travailler sont sans emploi; un nouveau quartier d’activités a toutefois été ouvert à Commune-Bègue, près du Quartier Français. Au centre, la rivière Sainte-Suzanne, qui aboutit au port, s’orne de cascades, dont l’une, proche de la ville, assez large et tombant de 40 m, porte modestement le nom de Niagara. La commune a un port de pêche et de plaisance, un parc de loisirs, deux collèges publics, un lycée public de petite taille et un lycée professionnel privé, un dispensaire; magasins Mr.Bricolage (65 sal.) et de sports et loisirs Marebam (70 sal.); Groupe Nettoyage (175 sal.). La croissance de la population se poursuit: Sainte-Suzanne avait 14 700 hab. en 1990, 18 200 en 1999.

Sainte-Suzanne cultive la canne et possède abondance de bambous; le domaine sucrier du Grand Hazier et son beau jardin se visitent, ainsi que des calbanons, anciennes cases d’esclaves. Un phare construit en 1846, classé, est abandonné depuis 1984. Un parc éolien a été installé à la Perrière en 2006, plus loin des habitations que celui de Sainte-Rose; il a eu 37 éoliennes de pette taille, remplacées en 2022-2023 par 14 éoliennes modernes plus puissantes (2,2 MW chacune).