Communauté d’agglomération du Centre de la Martinique

Centre de la Martinique (communauté d’agglomération du)

groupement intercommunal de la Martinique (166 100 hab., 17 100 ha) en abrégé CACEM; en font partie les communes de Fort-de-France (siège), Le Lamentin, Schœlcher et Saint-Joseph, toutes dépassant 2 000 hab.


Fort-de-France

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(76 090 Foyalais, 4 421 ha) est la préfecture de la Martinique, située dans la partie centrale de l’île, sur la côte sous le vent, où elle occupe la rive nord de la grande baie de Fort-de-France; elle est le siège de la CA du Centre de la Martinique. Alors que le chef-lieu colonial de l’île était Saint-Pierre, le site de Fort-de-France s’est imposé pour la défense de l’île et en a fait assez tôt la capitale militaire de la Martinique. Dès 1638 un fortin fut construit sur la petite pointe qui limite la baie des Flamands, puis un fort lui succéda en 1674, dénommé fort Royal ou fort Saint-Louis; la petite agglomération de Fort-Royal devint Fort-République en 1789, Fort-de-France en 1802, à nouveau Fort-Royal de 1815 à 1848. Un séisme en 1839 et un incendie en 1890 ont compromis son lent développement au 19e siècle. Puis la ruine de Saint-Pierre en 1902 en fit la capitale complète et finalement unique de l’île, en croissance rapide. Sa population a augmenté jusqu’en 1990 où elle a légèrement dépassé 100 000 habitants; une certaine saturation et la tendance à l’exurbanisation la font décliner depuis, mais au profit d’une agglomération qui ne cesse de grandir et de s’étendre.

Le centre-ville colonial a reçu un plan quadrillé rigoureux, mais il tient peu de place à l’intérieur des boulevards dessinés sur les anciennes défenses. Il est bordé à l’est par le beau parc de la Savane, dessiné à l’emplacement de l’ancien champ de manœuvres militaires et prolongé au sud par l’étroite presqu’île où se tient toujours le fort Saint-Louis, aménagé «à la Vauban». Le port de plaisance et le terminal pour navires de croisière bordent aussi le centre-ville, le port de commerce est de l’autre côté de la presqu’île. Le centre historique abrite le grand marché et quelques maisons coloniales, dont la plus connue est la villa Bougenot qui jouxte la préfecture de 1925; l’ancien hôtel de ville, dans un immeuble de 1901, a été transformé en théâtre; la cathédrale est un édifice de 1895. Le boulevard du général de Gaulle, qui longe le centre-ville par le nord, a attiré d’autres gros bâtiments comme la poste, le musée régional et le nouvel hôtel de ville. Un quartier administratif a été construit à partir de 1980 en bordure du boulevard, à l’angle NO du centre-ville, hébergeant notamment le centre culturel et administratif et, depuis 2001, le nouveau palais de justice.

Mais Fort-de-France s’est étendue très au-delà, par quartiers et lotissements successifs. Un autre quartier à plan quadrillé, Terres Sainville, prolonge le centre vers le nord et abrite le cimetière et un grand parc floral, ainsi que l’Exotarium de poissons (1974). Le fort Desaix, venu en relais du fort originel, occupe une vigoureuse colline au-dessus de l’hôpital. Vers l’ouest, passé la rivière Madame canalisée où se tiennent le marché au poisson et l’ancien château d’eau de la fontaine Gueydon, le quartier Bellevue est surtout administratif, abritant des services publics, ainsi que les bureaux du parc régional et trois lycées; plus loin, au-delà de Sainte-Catherine et du ravin de la rivière Fond Nigaud, l’université s’est établie sur la commune voisine de Schoelcher; sur la côte près de Bellevue, le quartier populaire Texaco, connu depuis le roman de P. Chamoiseau (né à Fort-de-France en 1953, prix Goncourt 1992), occupe le site désaffecté d’un ancien dépôt de pétroles. Côté est, la ville s’est étendue au-delà du port et du quartier Sainte-Thérèse par la grande urbanisation de la cité Dillon, assortie d’un centre d’affaires et de commerces, d’une distillerie survivante et d’un centre d’apprentissage (automobile et bâtiment). À l’extrême sud-est, l’urbanisation de la pointe des Sables jouxte un espace touristique, qui s’avance dans la baie.

L’habitat s’est largement étalé en direction du nord sur les hauts (quartiers Didier, Redoute, Tivoli, etc.), parfois en grappes d’habitats spontanés plus ou moins précaires comme à Trénelle; mais il n’occupe pas la totalité du territoire communal, qui monte à plus de 1 100 m aux Pitons du Carbet, de part et d’autre de la N3. La partie la plus haute est très visitée pour ses sites et ses fraîcheurs relatives; arboretum, station thermale d’Absalon, plantation d’anthuriums, et hôpital psychiatrique au hameau de Colson. Un peu plus bas sur la route nationale, jardin et conservatoire botanique de Balata (1986), avec une église de 1928, modèle réduit du Sacré-Cœur de Montmartre; à Balata aussi, habitation-musée la Liot. À Tivoli, dans l’ancien domaine Kerwan, s’est ouverte la Maison du Parc régional, accompagnée d’un centre de formation aux métiers de l’environnement. Les quartiers au nord-ouest du centre, au-delà de la rivière Madame sur les premières hauteurs, apparaissent comme des quartiers plutôt riches vers l’Ermitage, Cluny et Didier, où sont le gros lycée-collège privé de Cluny, les hôtels des douanes et des impôts et l’hôtel de région, qui abrite aussi les collections d’histoire naturelle de la Réserve du Père Pinchon.

Fort-de-France a un grand port de plaisance et plusieurs musées: régional d’histoire et ethnologie, départemental d’archéologie et préhistoire, musée du carnaval et des traditions populaires; s’y ajoutent le centre des métiers d’art et la grande bibliothèque Schoelcher de 1883 en bordure du parc public de la Savane, le centre de spectacles de l’Atrium (1998) un peu au nord. Fort-de-France est réputée pour son festival culturel annuel; un Institut régional d’art visuel de la Martinique (IRAVTN) et un pôle agro-alimentaire régional (PARM) siègent aussi dans la ville. Outre l’université, la capitale a reçu sept lycées publics et autant de privés, 10 collèges publics et 3 privés. Elle dispose d’un centre hospitalier universitaire et de deux autres hôpitaux, de plusieurs cliniques, Saint-Paul (280 sal.) et de la Tour (140 sal.), des maisons de retraite l’Oasis (80 sal.) et Florea (55 sal.). Le CIRAD (Centre de recherche agronomique pour le développement) a une base de travail de quelque 100 personnes.

La commune elle-même compte de nombreuses entreprises, dont une distillerie (Dillon) et une usine d’embouteillage d’eaux minérales (Didier), mais le secteur industriel et les centres commerciaux se sont en partie développés sur les parcs d’activité extérieurs à son territoire, notamment au Lamentin, où a été aménagé l’aéroport de l’île. Aussi le secteur tertiaire domine-t-il très largement. Parmi les principales entreprises situées dans la commune, figurent les hypermarchés Carrefour (200 sal.) et E.Leclerc (120 sal.), le négoce Sopharma (60 sal.), des banques comme la BNP (160 sal.), la Caisse d’Épargne (90 sal.), la BRED Banque Populaire (85 sal.), le Crédit Mutuel (75 sal.); crédit SOMAFI (70 sal.), assurances GFA (80 sal.), conseil FMC (100 sal.); transports urbains Régie des transports (250 sal.) et SETRAC (80 sal.), de voyageurs Boniface (95 sal.), maritimes (CIMA CGM, 120 sal.), services portuaires GPMM (110 sal.); gestion immobilière la Martiniquaise HLM (140 sal.); France Télécom (330 sal.), Outremer Télécom (55 sal.), France Télévisions (180 sal.), spectacles Comité Martiniquais du Tourisme (55 sal.); nettoyage CIVIS (100 sal.), Récup Trans Caraïbes (75 sal.); gardiennages Antilles Protection (310 sal.), Antilles Sécurité Hospitalière (100 sal.), Preventy Guard (95 sal.), Antilles Sûreté (80 sal.), Transfom (80 sal.) et SAGERP (55 sal.); restauration collective Apetile (55 sal.); intérims Martinique TT (280 sal.), Placidom (180 sal.); constructions SOGEA (110 sal.); Régie des Eaux Odyssi (85 sal.); travaux publics Colas (80 sal.), Office National des Forêts (55 sal.); EDF (320 sal.); La Poste (480 sal.).

Le Grand Port Autonome de Martinique traite 2,8 Mt /an, dont 2,0 Mt aux entrées, 171 000 conteneurs, 400 000 passagers maritimes. Fort-de-France est également le principal centre de la défense aux Antilles, avec le 33e régiment d’infanterie de marine, la base navale, et la base aérienne au Lamentin.

Aimé Césaire, poète et homme politique de grande classe, né à Basse-Pointe en 1913, a été maire de Fort-de-France de 1945 à 2001. L’arrondissement de Fort-de-France compte 4 communes (avec Le Lamentin, Saint-Joseph et Schœlcher), 150 520 habitants, 17 100 ha: il est le moins étendu et le plus peuplé de l’île. Ses 4 communes forment aussi la communauté d’agglomération du Centre de la Martinique.


Lamentin (Le)

(40 190 Lamentinois, 6 232 ha dont 2 801 cultivés) est une commune de la Martinique dans l’arrondissement de Fort-de-France, la plus étendue de l’île, juste à l’est de la préfecture (7 km de centre à centre) dans la CA du Centre de la Martinique. La commune, qui est la deuxième de l’île par sa population, participe pleinement à l’agglomération capitale et en a tiré une croissance spectaculaire (16 000 hab. en 1961, 26 000 en 1982); le mouvement se poursuit: +4 760 hab. entre 1999 et 2023 (+13%).

Le territoire communal occupe la seule plaine de l’île, tapissée d’alluvions récentes qui ont comblé une partie de la baie de Fort-de-France. Le centre-ville est au milieu du finage, près de la rivière Lézarde, qui vient du massif du Carbet et qui est la plus longue de l’île. Une large bande de mangrove, sur laquelle empiète la piste de l’aéroport, borde tout le rivage, au fond de la baie de Fort-de-France. L’aéroport international Aimé Césaire (code FDF), doté d’une piste de 3 300 m et d’un parking de 1 650 places, a vu passer 1 975 000 passagers en 2019 (1,7 M en 2022) et plus de 10 000 t de fret. Ses installations, accompagnées par un hippodrome, un stand de tir et des zones d’activités (la Lézarde, les Mangles, la Jambette), le site nautique du Morne Cabri, ainsi que du site de l’ancienne habitation-sucrerie Lareinty, environnée de «cases-nègres», se déploient au sud dans la plaine, tandis que l’habitat se disperse sur les basses collines dans toute la commune. Celle-ci comporte trois grands carrefours routiers qui donnent accès à toutes les parties de l’île, et le grand centre commercial moderne de la Galleria, ainsi que plusieurs zones d’activités.

Les équipements du Lamentin comprennent un centre hospitalier, une maison de retraite privée, un lycée agricole, quatre lycées publics, deux collèges publics et un privé. La roseraie Burnet reçoit 80 000 visiteurs par an; la ferme de Perrine, qui a hérité de l’ancien zoo du Carbet, est visitée pour ses animaux; la distillerie indépendante La Favorite, au NO de la commune à la limite de Fort-de-France, complète les attractions. Parmi les plantations, le domaine du Lareinty emploie 150 sal., le Petit-Morne 120 (l’Union) et Cochery 70. Grâce à son étendue, Le Lamentin est la première commune agricole de la Martinique par la surface cultivée, et par la superficie en canne à sucre (708 ha).

Le Lamentin est la seconde commune de l’île pour les entreprises, et sans doute la première pour l’industrie. Elle inclut la raffinerie de pétrole des Antilles (SARA, 220 sal.), une fabrique de glaces Soproglaces (75 sal.), la menuiserie Socomi (65 sal.), une fabrique d’aliments du bétail MNA (80 sal.), une de papiers sanitaires Prochimie (80 sal.). L’aéroport (140 sal.) appelle Air Caraïbes (440 sal.), Air France (140 sal.), les services Samsic (60 sal.) et Servair (55 sal.), le gardiennage SERIS (130 sal.). Le reste comprend les équipements pour automobiles Ho Hio Hen (75 sal.), les marchés Hyper U (220 sal.), Carrefour (250 sal.), E.Leclerc (140 sal.), Darty (90 sal.), Decathlon (60 sal.), Mr Bricolage (Bricobam, 70 sal.), la Librairie Antillaise (120 sal.), la restauration collective Martinique Catering (75 sal.). La ville héberge aussi de nombreuses entreprises de construction dont Ageco (140 sal.), Constructel (électricité, 130 sal.) et les travaux publics Caraïb Moter (Eurovia, 120 sal.), France Télécom (70 sal.), la Martiniquaise des Eaux (180 sal., groupes Suez et Veolia) et les nettoyages Madiamet (400 sal.), Onet (350 sal.), Tout Net (70 sal.); nettoyage urbain SEEN (95 sal.), traitement d’ordures Figuères (130 sal.); intérims Caribéenne de Prestations (220 sal.), Outremer Intérim (150 sal.), Ergos (130 sal.), Siderim (120 sal.), Artus (90 sal. ).


Saint-Joseph

(16 360 Joséphins, 4 329 ha dont 1 148 cultivés) est une commune de la Martinique dans l’arrondissement de Fort-de-France, 12 km au NE de la capitale dans la CA du Centre de la Martinique. Commune de l’intérieur, au terrain assez accidenté sur les pentes SE du massif du Carbet, elle émergea d’abord en 1862 comme simple quartier du Lamentin. puis fut formée en 1888 à partir de fractions du Lamentin, de Gros-Morne et de Fort-de-France. Sa partie haute est boisée et monte jusqu’aux environs de 700 m dans la forêt du morne des Olives.

Elle est densément habitée au sud, autour du bourg, qui est sur la N4, étayé à l’et par les quartiers Choco et Chapelle, au SE par Derrière Bois, au sud par Gondeau et Bois Neuf; les Jardins du Centenaire se visitent; un collège de 900 élèves, un hôpital-maison de retraite. Elle reste cependant agricole: bananes (309 ha, 13e de Martinique), fleurs et légumes, aquaculture; la Caféière de l’habitation Rivière Blanche emploie 130 personnes. Une station des eaux sur la rivière Blanche, installée en 1948 et rénovée en 2004, dessert 70 000 foyers. La rivière Blanche, qui descend des Pitons du Carbet, conflue avec la Lézarde juste à la limite orientale de la commune.


Schœlcher

(19 640 Schœlchérois, 2 117 ha dont 122 cultivés) est une commune de la Martinique dans l’arrondissement de Fort-de-France, juste à l’ouest de la capitale et en continuité avec son urbanisation (CA du Centre de la Martinique). Jadis Case-Noire et simple quartier de Fort-de-France, elle a pris son nouveau nom en même temps que son autonomie en 1888. Le nom est en hommage à Victor Schoelcher (1804-1893), qui obtint l’abolition de l’esclavage sous la Deuxième République (1848) et fut brièvement député de la Guadeloupe (1849), plus longuement de la Martinique (1871-1875). La croissance de la population est spectaculaire dans cette banlieue de la capitale, qui n’avait pas 10 000 habitants en 1961. Toutefois elle plafonne, et a même baissé de 1 270 hab. depuis 1999.

L’urbanisation s’est surtout développée sur le littoral, puis les bas plateaux; mais la commune s’étire vers le nord sur 10 km dans la forêt, atteignant les Pitons du Carbet (1 196 m). Elle a reçu de nombreuses villas et fait figure de partie riche de l’agglomération foyalaise, surtout au quartier de la Batelière, additionnant casino de jeux (l’Arobase, 85 sal., groupe Cogit), palais des congrès de Madiana (50 sal. plus 35 au restaurant), hôtel de la Batelière (90 sal.), centre de voile et club nautique. Elle héberge aussi le centre universitaire de la Martinique; elle a un lycée professionnel et deux collèges publics, une clinique de 280 emplois; clinique de l’Anse Colas, laboratoire d’analyse les Flamboyants (30 sal.), salons et congrès Madiana (30 sal.), centre commercial avec hypermarché Carrefour (110 sal.), plusieurs entreprises de logement (Ozanam, 95 sal. et Simar, 100 sal.), service des eaux SAUR (20 sal.), nettoyages N’Service (45 sal.) et AE Net (25 sal.), gardiennage Prosécurité (40 sal.); EDF (50 sal.), La Poste (35 sal.).

L’ancienne habitation du Fonds-Rousseau est classée. Au bord de l’anse Gouraud au sud, l’école hôtelière est associée au centre d’apprentissage de la pointe de Jaham. L’agriculture est très secondaire, et orientée vers les légumes. Vers l’ouest, le petit village de pêcheurs du Fond-Lahaye occupe l’embouchure de la courte vallée de même nom.