Guadeloupe (la)

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département français d’outre-mer dans les Petites Antilles, ayant également le statut de région. Étendue sur 1 628 km2, située par 16°S et 61°30’O, elle est peuplée de 400 700 hab. au recensement de 2006, ce qui donne une densité élevée, de 246 hab./km2. Elle a la forme d’un archipel comportant deux îles principales, Grande-Terre et Basse-Terre, qui ne sont séparées que par un étroit bras de mer nommé rivière Salée; deux îles secondaires, la Désirade à l’est et Marie-Galante au sud-est; un petit archipel, les Saintes, au sud-ouest; et de nombreux îlots. La préfecture est à Basse-Terre, à environ 6 200 km de la métropole et 600 km de l’Amérique du Sud. La Guadeloupe est divisée en deux arrondissements, la sous-préfecture étant à Pointe-à-Pitre. Depuis 2007, les territoires de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, qui formaient un troisième arrondissement, ne sont plus rattachés à la Guadeloupe.

La forme de la partie principale de l’archipel guadeloupéen est curieuse, souvent comparée à un papillon. Elle résulte de la juxtaposition de deux îles très différentes. À l’ouest, la Basse-Terre est la plus haute, formée par un massif volcanique dont une partie est encore active à la Soufrière. Son nom tient seulement aux habitudes des marins, qualifiant de bas ce qui est sous le vent, à l’abri. L’île, en forme d’ellipse d’axe nord-sud, est dissymétrique. Elle oppose une côte très accidentée mais abritée des alizés, à l’ouest, où s’est établie la première colonisation et où s’est maintenu le chef-lieu, devenu préfecture, à un versant oriental, plus long, très arrosé et qui porte, outre la forêt, des plantations de bananiers, surtout vers le sud. À l’est, la Grande-Terre, de dimension comparable et de forme triangulaire, est au contraire une île de faible relief, essentiellement calcaire, issue de formations coralliennes et accidentée par des failles. La Désirade et Marie-Galante sont de même nature, tandis que les Saintes sont, comme la Basse-Terre, d’origine volcanique.

La juxtaposition de la Grande-Terre et la Basse-Terre fait de leur point de contact à la fois un isthme bien abrité au fond de deux grandes baies opposées, et le centre géographique de la Guadeloupe. C’est là que se sont développées Pointe-à-Pitre, et la grande agglomération qu’elle a suscitée alentour: la vraie capitale du département, mais non son chef-lieu officiel.

La Guadeloupe est divisée en 32 communes (16 en Basse-Terre, 10 en Grande-Terre, 3 à Marie-Galante, 2 aux Saintes et une pour la Désirade) et 40 cantons. Son conseil général est donc de 40 membres. Il a une majorité de gauche; il est présidé par Jacques Gillot, docteur en médecine, du parti Guadeloupe Unie Socialisme et Réalités (GUSR), également sénateur (apparenté socialiste) et ancien maire du Gosier. Il a établi deux antennes à Pointe-à-Pitre et à Marie-Galante. Seules quatre communautés de communes ont été organisées et approuvées.

Le Conseil régional est composé de 41 membres. Il a une majorité de gauche (29 élus de «Guadeloupe pour tous» contre 12 d’«Agir», proche de l’UMP) et il est présidé par Victorin Lurel, socialiste, ancien fonctionnaire territorial, également député. Il existe aussi à titre consultatif un Conseil économique et social régional (CESR) de 42 membres, présidé par Jocelyn Jalton (personnalité qualifiée des Abymes), et un Conseil de la Culture, de l’Éducation et de l’Environnement (CCEE) de 23 membres présidé par Alain Buffon, historien.

Le nom de la Guadeloupe lui a été attribué par Christophe Colomb, qui y parvint le 4 novembre 1493, en souvenir du monastère d’Estrémadure. Le nom amérindien aurait été Karukera et signifierait l’île aux belles eaux. Le fond de peuplement d’Indiens Arawak, venus d’Amérique du Sud quelques siècles avant notre ère, avait été refoulé et exterminé par les Caraïbes, arrivés au neuvième siècle et qui résistèrent activement à la colonisation au 16e siècle. Les Espagnols laissèrent ensuite la place aux Français, qui débarquèrent en 1635 sous mandat de la Compagnie des Îles d’Amérique, assez vite remplacée par Charles Houël, gouverneur de 1643 à 1664 et qui lui racheta la colonie. Les colons, surtout venus de Bretagne et de Normandie, anéantirent à peu près totalement le peuplement indien, un accord évacuant les survivants vers la Dominique, et firent de la Guadeloupe une colonie sucrière en la peuplant d’esclaves africains.

La population atteignait 305 300 hab. en 1967, 353 400 en 1990. Elle augmente d’environ 0,5% par an, soit 2 000 personnes, résultat d’un excédent de naissances sur les décès d’environ 4 000 personnes, et d’un excédent de départs sur les arrivées d’environ 2 000 personnes. Le taux de natalité est de 16,4‰, en baisse régulière (34‰ vers 1970), et trois quarts des naissances ont lieu hors mariage; le taux de mortalité, de 6,5‰, est passé par un minimum vers 1995 (6,1‰ contre 8,9 vers 1970) mais semble remonter légèrement en raison de l’accroissement de l’âge moyen de la population, lié à la diminution de la natalité. Estimée à 403 000 hab. au 1er janvier 2007, la population de la Guadeloupe au 1er janvier 2010 serait donc de 409 000 hab.

Le revenu moyen est inférieur à celui de la France dans son ensemble (14 200 euros par ménage contre 22 200), avec 27% de ménages imposés au lieu de 54%, soit moitié moins. L’emploi total serait de 141 000 personnes, le nombre de demandeurs d’emploi étant de 43 200, ce qui signale un taux de chômage élevé (22 à 29% selon les sources et les modes de comptage), en légère baisse tendancielle (36% en 1999) mais avec une remontée en 2008-2009.

Le nombre de retraités (60 000 hab. en 2006, dont 33 000 femmes) est en nette augmentation (44 000 en 1999) et représente 28% des personnes de plus de 15 ans; viennent ensuite les employés (20%) en nombre stable (61 000 dont 48 000 femmes), les ouvriers (11,5%) en diminution absolue et relative, les professions intermédiaires (10,7%) en augmentation sensible, puis les artisans, commerçants et entrepreneurs en nombre stable (14 500, moins de 5%) et en légère diminution relative, les cadres et professions dites supérieures (12 400, 4%) en nette augmentation, les agriculteurs exploitants (3 900) en diminution marquée.

Environ 87 000 personnes de plus de 15 ans ne travaillent pas (inactifs, chômeurs, étudiants), soit 28% du total, dont 50 500 femmes. Un autre mode de comptage selon le lieu de travail totalise 124 000 emplois en 2006 (la moitié à des femmes), dont 83% de salariés; 81% sont dans le tertiaire (en légère augmentation), 7% dans l’industrie (en recul) et autant dans la construction (stable), 6 200 dans l’agriculture (en baisse). Environ 43% des habitants de plus de 15 ans n’ont aucun diplôme d’études, 28% ont au moins le baccalauréat ou un brevet professionnel, dont plus de femmes que d’hommes.

La Guadeloupe comptait 12 000 exploitations agricoles en 2000 (16 000 en 1989), cultivant 40 500 ha dont 14 100 en canne à sucre et 5 000 en bananiers, 2 800 en légumes. La production annuelle est de 44 000 t de bananes (près de 50 M€), exportées. De 700 000 t de canne broyée sont extraits 63 000 t de sucre et 75 000 hl de rhum (33 000 t de rhum agricole, 42 000 de rhum industriel de sucrerie) dont 50 000 exportés. La Guadeloupe a environ 75 000 têtes de bovins, dont 45 000 appartiennent à une race créole de couleur fauve, issue de souches ibériques et largement métissées au 18e s. La forêt occupe 69 800 ha, soit 37% du territoire; 33 800 ha sont privés; l’Office national des forêts gère une forêt domaniale de 27 800 ha et 8 000 ha de mangrove. Hors celle-ci, la plus grande partie de la forêt est incluse dans le parc national de la Guadeloupe.

Le produit brut de la Guadeloupe était calculé à 7,7 milliards d’euros en 2007 (avec Saint-Martin et Saint-Barthélemy), ce qui représentait environ 17 400 euros par habitant: un peu moins que la Martinique, moins des deux tiers de l’Union européenne, mais 5 ou 6 fois plus que la plupart des îles Caraïbes (30 fois Haïti…). Un huitième de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté et les fortes inégalités de revenus ont contribué aux grèves et agitations de 2009, au cours desquelles s’est notamment illustré le dirigeant syndical de l’UGTG Élie Domota, animateur du Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), ce qui en créole signifie Ligue contre les surprofits (ou la surexploitation).

Le commerce extérieur de la région est largement déficitaire et le déficit tend à s’aggraver: en 2007 les exportations étaient à 520 M€ contre 2 420 M€ d’importations; en 2008 le taux de couverture est deux fois plus faible: 2 600 M€ aux entrées, 200 seulement aux sorties. Dans celles-ci les produits agricoles (surtout la banane) sont prépondérants (41%) et bénéficient d’un large soutien de l’Union européenne, par lequel des producteurs de bananes de Guadeloupe, comme de Martinique, s’affichent parmi les agriculteurs qui ont touché les plus fortes sommes distribuées par le Feaga (Fonds européen agricole de garantie); mais les exportations de sucre sont en net recul. La métropole reçoit 38% des sorties, la Martinique 21%, la Guyane 20%.

Le trafic du port maritime a atteint 3 600 000 t en 2008, dont 72% aux importations, 13% aux exportations, 15% aux transbordements. La métropole entre pour 31% dans le bilan, le monde caraïbe pour 41%, l’Amérique centrale et du Sud pour 17%. Le tourisme est actif, mais a souffert de la crise à partir de 2008. Le nombre annuel de nuitées est estimé à 1 200 000, dont 28% dans les familles, 27% en hôtellerie, 15% en locations et 12% en gîtes. Guère plus d’un dixième sont le fait d’étrangers. Le trafic total de l’aéroport est de l’ordre de 2 millions de passagers; 360 000 voyageurs ont été comptés au départ de l’aéroport vers la métropole, dont trois quarts de touristes et moins d’un quart de résidants guadeloupéens. Le nombre de passagers maritimes est d’environ 840 000, dont 580 000 pour les passages entre Pointe-à-Pitre et Marie-Galante. Un million de croisiéristes touchent au port chaque année.